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Val-d'Oise : l'ambitieux projet routier du Parisis abandonné

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Après des années de controverse, le département du Val-d'Oise renonce au projet de l'avenue du Parisis. Cette décision marque une victoire pour les opposants et souligne l'évolution des priorités en matière d'urbanisme.

Le département du Val-d'Oise, créé en 1968, vient de prendre une décision majeure concernant son infrastructure routière. Après presque une décennie de controverses et de batailles juridiques, le projet de l'avenue du Parisis, initialement conçu pour relier l'A1 et l'A15, deux des autoroutes les plus fréquentées de France, a été officiellement abandonné.

Marie-Christine Cavecchi, présidente du département affiliée aux Républicains, a annoncé le 4 octobre 2024 que le conseil départemental ne demanderait pas le renouvellement de la déclaration d'utilité publique, élément crucial pour la poursuite du projet. Cette décision intervient malgré l'avis favorable du Conseil d'État en mai dernier, qui aurait pu relancer les travaux.

L'histoire de ce projet remonte aux années 1930, illustrant l'évolution des priorités en matière d'urbanisme et de transport au fil des décennies. Sur les 21 kilomètres prévus, 11 restaient à construire, traversant six communes dont Montmorency, connue pour son riche patrimoine historique, et Sarcelles, emblématique des grands ensembles des années 1960.

Les opposants au projet, regroupés notamment au sein du collectif "Vivre sans BIP", ont exprimé leur satisfaction. Audrey Boehly, porte-parole du collectif, a déclaré :

"On pensait qu'on avait des chances de gagner, mais pas si tôt. C'est une victoire qui vient de la forte mobilisation des habitants, des élus, des associations."

Une victoire inattendue mais bienvenue

Les préoccupations environnementales ont joué un rôle crucial dans cette décision. Alors que les espaces verts ne représentent que 20% du territoire en Île-de-France, la préservation de zones comme la ferme Lemoine à Arnouville était au cœur des revendications. De plus, la santé de 10 000 enfants scolarisés le long du tracé prévu était une source d'inquiétude majeure, dans un contexte où la pollution de l'air cause environ 48 000 décès prématurés par an en France.

L'aspect financier a également pesé lourd dans la balance. Avec un coût estimé à un milliard d'euros, soit près de 77% du budget annuel du département, le projet semblait difficilement justifiable dans un contexte de réduction des dépenses publiques. Maxime Thory, maire de Montmorency, a souligné l'importance de ce facteur dans les discussions entre le préfet et le département.

Cette décision s'inscrit dans une tendance plus large de repenser la mobilité urbaine. Alors que la France vise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030 et à mettre fin à la vente de véhicules thermiques neufs d'ici 2040, des alternatives comme le covoiturage, l'autopartage et les transports en commun gagnent en popularité. Le Grand Paris Express, actuellement en construction, illustre cette nouvelle approche visant à améliorer les déplacements sans augmenter le trafic routier.

L'abandon de l'avenue du Parisis marque ainsi un tournant dans la politique d'aménagement du territoire, reflétant une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et sanitaires liés aux infrastructures routières. Cette décision transpartisane, soutenue des Républicains à La France insoumise, témoigne d'une évolution des mentalités au-delà des clivages politiques traditionnels.

Mercer Bergeron

Économie