L'unité des grands brûlés de Beyrouth face à l'afflux de victimes

L'hôpital Geitaoui à Beyrouth lutte pour soigner les victimes des frappes israéliennes au Liban. Les médecins font face à un afflux de patients gravement brûlés, mettant en lumière les défis du système de santé libanais.

5 octobre 2024, 11:38  •  163 vues

L'unité des grands brûlés de Beyrouth face à l'afflux de victimes

Dans l'unité des grands brûlés de l'hôpital Geitaoui à Beyrouth, le personnel médical fait face à un afflux sans précédent de patients. Cette situation est le résultat direct de l'intensification des frappes israéliennes au Liban, mettant en lumière les défis auxquels est confronté le système de santé libanais.

Le Dr Ziad Sleiman, chirurgien en plastique reconstructrice, témoigne de la cadence inédite des admissions. L'hôpital Geitaoui, seul centre de traitement des grands brûlés au Liban, se trouve en première ligne pour soigner les victimes civiles de ce conflit. Cette situation souligne la vulnérabilité du système de santé libanais, déjà fragilisé par une grave crise économique depuis 2019.

Parmi les patients, Hussein Aidibi, 15 ans, incarne le drame vécu par de nombreuses familles. Admis le 23 septembre 2024 avec des brûlures au deuxième et troisième degrés, Hussein est le seul survivant d'un bombardement qui a coûté la vie à sa mère et ses quatre frères et sœurs. Son père, Abbas Aidibi, raconte :

"C'est comme cela qu'agit Israël : plutôt que de poursuivre les combattants [du Hezbollah], ils bombardent les civils."

Témoignage d'Abbas Aidibi, père d'Hussein

Ce témoignage soulève des questions sur la légalité des bombardements visant des zones civiles, considérés comme des crimes de guerre selon le droit international.

Le traitement des grands brûlés nécessite des soins intensifs et de longue durée. Le Dr Sleiman explique que certains patients, comme une femme brûlée à 75% de son corps, auront besoin d'au moins trois mois de traitement, avec des chances de survie estimées à 50%. Cette situation met en évidence les progrès de la médecine des brûlures, mais aussi les défis auxquels font face les équipes médicales.

L'hôpital Geitaoui, situé au cœur de Beyrouth, une ville qui porte encore les cicatrices de la guerre civile (1975-1990), se trouve aujourd'hui au centre d'une nouvelle crise. Le Liban, qui partage une frontière avec Israël au sud, est une fois de plus pris dans les tensions régionales, avec des répercussions directes sur sa population civile.

Face à cette situation, le Dr Sleiman exprime son inquiétude : "La guerre va être longue, on ne sera pas capables de continuer sans aide." Cette déclaration souligne la dépendance du Liban à l'aide internationale pour son système de santé, une situation exacerbée par la crise économique et l'accueil d'un grand nombre de réfugiés syriens.

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L'afflux de patients brûlés met également en lumière les défis de la chirurgie plastique reconstructrice, essentielle dans le traitement des grands brûlés. Les patients comme Hussein Aidibi devront faire face non seulement à la guérison physique, mais aussi au traumatisme psychologique, le stress post-traumatique étant fréquent chez les victimes de conflits armés.

Alors que l'hôpital Geitaoui continue de lutter pour sauver des vies, la situation met en évidence la nécessité urgente d'une résolution pacifique du conflit et d'un soutien international accru pour le système de santé libanais. La capacité de l'hôpital à traiter les grands brûlés est cruciale, non seulement pour les victimes actuelles, mais aussi pour l'avenir d'un pays qui se trouve une fois de plus au cœur des tensions régionales.