Innovation et design : le fauteuil roulant en bois qui change les regards

Paul de Livron, ingénieur paraplégique, révolutionne le fauteuil roulant avec ses modèles Apollo en bois. Son objectif : créer des fauteuils abordables et esthétiques pour les zones défavorisées.

4 octobre 2024, 14:35  •  0 vues

Innovation et design : le fauteuil roulant en bois qui change les regards

Dans un monde où l'innovation et le design se croisent pour améliorer la vie quotidienne, Paul de Livron se démarque avec sa création révolutionnaire : le fauteuil roulant Apollo. Cet ingénieur des Arts et Métiers, devenu paraplégique en 2013 suite à un accident de randonnée, a transformé son expérience personnelle en une mission pour repenser l'accessibilité.

Le concept d'Apollo est né d'une expérience marquante en Inde, où de Livron a constaté le manque criant de fauteuils roulants dans un dispensaire. Cette observation l'a poussé à concevoir un fauteuil abordable et facilement reproductible. Le résultat est impressionnant : un fauteuil en bois léger, résistant et esthétique, qui change le regard porté sur les personnes à mobilité réduite.

L'histoire des fauteuils roulants remonte à la Chine du VIe siècle, mais c'est seulement en 1933 que le modèle moderne a été inventé par Harry Jennings et Herbert Everest. De Livron s'inscrit dans cette lignée d'innovateurs, en apportant une approche écologique et économique.

Les différents modèles Apollo illustrent l'évolution de ce concept :

  • Apollo I : 46 éléments en contreplaqué d'okoumé, pesant 9,1 kg
  • Apollo III : accoudoirs en chêne calciné de Notre-Dame de Paris
  • Apollo IV : en contreplaqué de bouleau, pesant 7,5 kg

Le choix des matériaux n'est pas anodin. L'okoumé, originaire d'Afrique centrale, est reconnu pour sa résistance à l'humidité. Le contreplaqué, breveté en 1865, offre une combinaison idéale de légèreté et de solidité.

"Je ne prétends pas en faire un outil pour sportif, mais c'est un fauteuil en bois qui a de la ressource, suffisamment léger et résistant pour pouvoir, grâce à une fabrication simplifiée au maximum, être déployé dans des zones défavorisées, alors qu'une chaise roulante en titane et en fibre de carbone coûte 12 000 euros"

Paul de Livron explique

Cette approche s'inscrit dans le concept de design universel, développé dans les années 1960, visant à créer des produits accessibles à tous. L'Organisation mondiale de la Santé estime qu'environ 1% de la population mondiale a besoin d'un fauteuil roulant, soulignant l'importance de solutions abordables.

L'impact d'Apollo va au-delà de sa fonctionnalité. De Livron a participé au Marathon pour tous lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, démontrant la polyvalence de sa création. Ce marathon inclusif, une première dans l'histoire des JO, rappelle l'origine antique de l'épreuve, liée à la course légendaire de Pheidippides en 490 av. J.-C.

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La reconnaissance du projet Apollo s'étend jusqu'au Vatican, où un modèle a été offert au pape François, lui-même utilisateur d'un fauteuil roulant depuis 2022. Cette connexion souligne l'universalité du besoin d'accessibilité, transcendant les frontières et les statuts.

En parallèle, l'exposition "Walking Sticks and Canes" à la Triennale de Milan au printemps 2024 a mis en lumière l'importance du design dans les aides à la mobilité. Cette initiative, lancée par le designer japonais Keiji Takeuchi, rappelle que les cannes, comme les fauteuils roulants, ont une histoire riche en symbolisme, remontant à l'Égypte ancienne où elles représentaient le pouvoir.

L'innovation de Paul de Livron s'inscrit dans une longue tradition d'amélioration des aides à la mobilité, depuis l'invention de la première chaise roulante motorisée en 1953 par George Klein. Son approche, combinant matériaux durables et design élégant, ouvre de nouvelles perspectives pour l'accessibilité mondiale.