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L'extrême droite gagne du terrain à l'Assemblée nationale française

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Le "cordon sanitaire" contre l'extrême droite s'érode à l'Assemblée nationale française. Des collaborations émergent entre le Rassemblement National et d'autres partis, modifiant la dynamique politique.

Dans un contexte politique en pleine mutation, l'Assemblée nationale française, institution fondée en 1789, connaît une évolution significative dans ses relations internes. Le "cordon sanitaire", longtemps maintenu pour isoler l'extrême droite, montre des signes d'érosion, modifiant ainsi la dynamique au sein du Palais Bourbon, siège historique du pouvoir législatif depuis le 18e siècle.

Le Rassemblement National (RN), parti fondé en 1972 et dirigé par Marine Le Pen depuis 2011, gagne progressivement en influence. Avec son allié, le groupe RN représente désormais un quart des voix à l'Assemblée, soit 140 députés sur les 577 que compte l'institution. Cette nouvelle configuration bouleverse les équilibres traditionnels et pousse certains élus à reconsidérer leur position vis-à-vis de l'extrême droite.

Des signes concrets de cette évolution sont apparus lors des récentes élections internes à l'Assemblée. Le 2 octobre 2024, Sébastien Chenu, coprésident délégué du groupe RN, a été élu président de la commission d'apurement des comptes, bénéficiant de soutiens inattendus. De même, le RN a obtenu six vice-présidences de commission, une progression notable par rapport à la législature précédente.

"Tout vaut négociation, on vient taper à la porte sans arrêt, on nous joue du violon, pour une présidence de délégation ou de commission..."

Sébastien Chenu, coprésident délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, déclare :

Cette déclaration illustre le changement d'attitude de certains députés envers le RN. Des élus issus de partis comme Horizons, fondé en 2021 par Édouard Philippe, Les Républicains, ou même des rangs macronistes, semblent désormais plus enclins à collaborer avec l'extrême droite.

L'évolution est également visible dans l'autre sens. Plusieurs députés de l'ancienne majorité ont pu s'imposer face aux candidats de gauche grâce aux voix de l'extrême droite. C'est notamment le cas pour les présidences des commissions des affaires étrangères, des affaires sociales et des affaires européennes, trois instances clés dans le fonctionnement de l'Assemblée.

Cette nouvelle dynamique soulève des questions sur l'avenir du "cordon sanitaire", une pratique politique instaurée pour contrer l'influence de l'extrême droite. Alors que le système politique français, une démocratie semi-présidentielle, repose sur un équilibre délicat entre les différentes forces politiques, ces changements pourraient avoir des répercussions importantes sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale et, par extension, sur la vie politique française dans son ensemble.

L'évolution de la situation à l'Assemblée nationale reflète les transformations profondes que connaît le paysage politique français. Alors que les groupes parlementaires doivent compter au moins 15 députés pour être officiellement reconnus, le poids croissant du RN et les nouvelles alliances qui se dessinent pourraient redéfinir les rapports de force au sein de l'institution.

Dans ce contexte, le rôle des commissions parlementaires, dont l'existence remonte à la IIIe République (1870-1940), prend une importance renouvelée. Ces instances, qui examinent en détail les projets de loi avant leur discussion en séance plénière, deviennent des lieux stratégiques où se jouent les nouveaux équilibres politiques.

Alors que l'Assemblée nationale entame une législature à la durée de vie incertaine, ces développements soulèvent des interrogations sur l'évolution future du système politique français et sur la capacité des institutions à s'adapter à ces nouvelles réalités.