Le RN affirme son influence sur le gouvernement Barnier

Le Rassemblement National ne censure pas le gouvernement, estimant avoir déjà de l'influence. Des tensions émergent avec le ministre de l'Économie, tandis que Barnier cherche à dialoguer avec tous les groupes.

10 octobre 2024, 03:05  •  0 vues

Le RN affirme son influence sur le gouvernement Barnier

Le 8 octobre 2024, à l'Assemblée nationale française, le député Guillaume Bigot a justifié la décision du Rassemblement National (RN) de ne pas censurer le gouvernement Barnier. Cette déclaration met en lumière la dynamique complexe entre le RN et l'exécutif, illustrant l'influence croissante du parti de Marine Le Pen sur la scène politique nationale.

Guillaume Bigot a souligné l'efficacité des interventions de Marine Le Pen, affirmant qu'un simple tweet de sa part suffisait à influencer les décisions du Premier ministre, notamment concernant la désindexation des retraites. Cette affirmation fait référence au recul de Michel Barnier sur le gel des pensions le 4 octobre, seulement quatre jours avant cette déclaration.

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L'incident impliquant Antoine Armand, le nouveau ministre de l'Économie âgé de 33 ans, a cristallisé les tensions. Le 24 septembre, Armand a déclaré sur France Inter sa volonté de collaborer avec tous les partis de "l'arc républicain", excluant explicitement le RN. Cette déclaration a provoqué une réaction immédiate de Marine Le Pen, qui a demandé une clarification de la position gouvernementale.

"Quand j'entends M. Armand ce matin, qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du RN alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le premier ministre doit aller expliquer à l'ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n'aient pas encore totalement compris."

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale

La situation a rapidement évolué lors de la première conférence des présidents de la législature, tenue dans le salon des Jeux de l'Hôtel de Lassay. Michel Barnier y a affirmé sa volonté de dialoguer avec tous les groupes politiques, y compris le RN, contredisant ainsi la position de son ministre de l'Économie.

Cette séquence politique met en évidence la complexité du paysage politique français actuel. Le RN, traditionnellement exclu de "l'arc républicain", semble gagner en légitimité institutionnelle. Cette évolution soulève des questions sur l'efficacité du "front républicain", une alliance historique contre l'extrême droite en France.

Il est important de noter que ces événements s'inscrivent dans un contexte plus large. Marine Le Pen, née le 5 août 1968, préside le RN depuis 2011 et a été candidate à trois reprises à l'élection présidentielle. De son côté, Michel Barnier, né le 9 janvier 1951, a une longue carrière politique, ayant notamment été négociateur en chef de l'UE pour le Brexit de 2016 à 2020.

L'Assemblée nationale, composée de 577 députés, joue un rôle crucial dans le système semi-présidentiel de la Ve République, établie en 1958. La conférence des présidents, réunissant les chefs de groupe parlementaires, est un lieu clé de dialogue entre les différentes forces politiques.

Les débats autour de l'indexation des retraites et de l'ouverture du dialogue avec le RN reflètent des enjeux fondamentaux pour la société française. Le système de retraite par répartition et la question du sectarisme politique sont au cœur des préoccupations.

En conclusion, cet épisode illustre l'évolution des rapports de force au sein de l'Assemblée nationale et pose la question de l'adaptation du système politique français face à la montée en puissance du RN. La capacité du gouvernement Barnier à naviguer dans ce paysage politique complexe sera déterminante pour l'avenir de la Ve République.