La Norvège et la Hongrie durcissent l'accueil des réfugiés ukrainiens

Face à l'afflux continu de réfugiés ukrainiens, certains pays européens revoient leurs politiques d'accueil. La Norvège met fin à l'asile automatique, tandis que la Hongrie resserre ses critères d'hébergement.

10 octobre 2024, 03:04  •  0 vues

La Norvège et la Hongrie durcissent l'accueil des réfugiés ukrainiens

Plus de deux ans et demi après le début du conflit russo-ukrainien, certains pays européens commencent à revoir leurs politiques d'accueil des réfugiés ukrainiens. Cette tendance au durcissement est particulièrement visible en Norvège et en Hongrie, deux nations aux situations économiques et politiques distinctes.

Le 27 septembre 2023, le gouvernement norvégien a annoncé la fin de l'octroi automatique de l'asile aux Ukrainiens. Cette décision affecte principalement les demandeurs originaires des régions occidentales de l'Ukraine, considérées comme plus sûres en raison de leur éloignement du front. Emilie Enger Mehl, ministre norvégienne de la Justice, a justifié cette mesure en évoquant la nécessité de maintenir un équilibre dans l'accueil des personnes déplacées par rapport aux autres pays nordiques.

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Il est important de noter que la Norvège, bien que non membre de l'Union européenne, fait partie de l'espace Schengen et dispose d'un des systèmes de protection sociale les plus généreux au monde. Avec une population d'environ 5,4 millions d'habitants en 2023 et un taux de chômage parmi les plus bas d'Europe (3,2%), le pays scandinave a accueilli environ 85 000 réfugiés ukrainiens depuis le début du conflit.

En Hongrie, la situation est encore plus tendue. Fin août 2023, dans la petite ville de Kocs, une centaine de réfugiés ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, ont été brusquement expulsés de leur foyer d'hébergement. Cette action a suscité l'indignation, comme en témoigne cette citation d'une mère de famille :

"Ils nous ont jetés dehors ! Où peut-on aller avec nos enfants ?"

Une réfugiée ukrainienne expulsée s'exprime

Le gouvernement nationaliste de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, a défendu un décret adopté fin juin 2023 qui durcit considérablement les conditions d'accueil des réfugiés ukrainiens. Ce texte limite le droit à l'hébergement aux seules personnes provenant des régions directement touchées par la guerre, excluant ainsi les oblasts de l'ouest de l'Ukraine, dont la Transcarpatie, région à forte minorité magyarophone.

Ces décisions s'inscrivent dans un contexte plus large où l'Union européenne a activé pour la première fois en 2022 sa directive sur la protection temporaire, permettant aux réfugiés ukrainiens de s'installer dans le pays de leur choix et d'accéder aux services sociaux, au logement, à l'emploi et aux services bancaires. Fin juillet 2023, 4,3 millions d'Ukrainiens bénéficiaient de cette protection temporaire dans l'UE.

Les gouvernements norvégien et hongrois justifient ces mesures par divers facteurs : la pression sur les services publics, la présence croissante d'hommes en âge de combattre parmi les réfugiés, et la durée prolongée du conflit. En Hongrie, le porte-parole du gouvernement, Gergely Gulyas, a notamment pointé du doigt le fait que "4 000 personnes vivaient de l'argent de l'État hongrois sans travailler".

Il est intéressant de noter que malgré ces restrictions, la Hongrie affiche l'un des taux d'emploi les plus élevés de l'UE, à environ 78% en 2023. De son côté, la Norvège, membre de l'OTAN depuis sa fondation en 1949, dispose du plus grand fonds souverain au monde, évalué à plus de 1 000 milliards de dollars, ce qui pourrait théoriquement lui permettre de soutenir un effort d'accueil plus important.

Ces évolutions dans les politiques d'accueil des réfugiés ukrainiens soulèvent des questions sur la durabilité de la solidarité européenne face à une crise qui s'inscrit dans la durée. Elles mettent également en lumière les défis auxquels sont confrontés les pays d'accueil, entre générosité humanitaire et gestion des ressources nationales.