Réforme de la Sécu : Tension sur le financement de la santé

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 prévoit des économies drastiques. Une réduction du remboursement des consultations médicales est envisagée, impactant les complémentaires santé.

10 octobre 2024, 03:35  •  0 vues

Réforme de la Sécu : Tension sur le financement de la santé

Le gouvernement français s'apprête à présenter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, dans un contexte de tension budgétaire croissante. Cette présentation, prévue le 10 octobre 2024 en conseil des ministres, intervient avec un retard de près de deux semaines, soulignant la complexité des enjeux en présence.

Le système de santé français, créé en 1945 et considéré comme l'un des meilleurs au monde, fait face à des défis financiers majeurs. Le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 18 milliards d'euros en 2024, un chiffre alarmant qui nécessite des mesures correctives importantes. Pour 2025, l'Objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) est fixé à une progression de 2,8%, un taux jugé contraignant par de nombreux acteurs du secteur de la santé.

Pour atteindre cet objectif, des économies de l'ordre de 5 milliards d'euros seraient nécessaires, soit une augmentation significative par rapport aux 3,5 milliards d'euros prévus en 2023. Cette situation met en lumière la pression croissante sur les finances publiques dans le domaine de la santé, un secteur qui représente environ 11% du PIB français.

Image

Parmi les mesures envisagées, une réduction du taux de remboursement des consultations médicales est à l'étude. Actuellement, l'Assurance-maladie obligatoire prend en charge 70% du tarif des consultations chez un généraliste ou un spécialiste, laissant 30% à la charge du patient ou de sa complémentaire santé. Le gouvernement envisagerait de porter cette part à 40%, ce qui pourrait générer plus d'un milliard d'euros d'économies.

Cette mesure, si elle était adoptée, aurait un impact direct sur les complémentaires santé et, par extension, sur les assurés. Les complémentaires, qui couvrent environ 95% de la population française, pourraient être contraintes d'augmenter leurs cotisations pour faire face à cette charge supplémentaire.

Il est important de noter que le système de santé français repose sur un modèle bismarckien, où l'État et les acteurs privés jouent des rôles complémentaires. Les négociations entre ces deux parties, qui se déroulent chaque automne, s'annoncent particulièrement tendues cette année.

Cette situation rappelle les mesures prises en 2023, notamment le doublement des franchises médicales. Ces franchises, instaurées en 2008, font partie des nombreux outils utilisés par le gouvernement pour maîtriser les dépenses de santé.

Le débat autour de ces réformes s'inscrit dans un contexte plus large de transformation du système de santé français. Des initiatives telles que la suppression du numerus clausus en 2020, l'introduction du tiers payant généralisé en 2017, et le lancement du Dossier Médical Partagé en 2018, témoignent des efforts continus pour moderniser et optimiser le système.

Alors que la France compte environ 225 000 médecins en activité et 3 000 hôpitaux et cliniques, l'enjeu est de maintenir un équilibre entre l'excellence des soins et la soutenabilité financière du système. Le PLFSS 2025 sera donc scruté de près par tous les acteurs du secteur de la santé, dans l'attente de solutions équilibrées pour relever ces défis complexes.