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Revenus des livreurs en baisse : l'économie des plateformes sous pression

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Une analyse révèle la stagnation des revenus des chauffeurs VTC et la baisse de ceux des livreurs de repas entre 2021 et 2023, mettant en lumière les défis de l'économie des plateformes en France.

Dans un contexte économique tendu, les travailleurs de l'économie des plateformes font face à des défis croissants. Une récente analyse publiée le 2 octobre 2024 par le Pôle d'expertise de la régulation numérique du ministère de l'économie et des finances et l'Autorité des relations sociales des plateformes d'emploi (ARPE) révèle une situation préoccupante pour les livreurs de repas et les chauffeurs VTC en France.

L'étude, qui couvre la période 2021-2023 marquée par une forte inflation, met en lumière une stagnation des revenus des chauffeurs VTC et une baisse pour les livreurs de repas à domicile. Ces données s'inscrivent dans un contexte plus large où la gig economy représente environ 1% de l'emploi en France, avec près de 100 000 livreurs de repas actifs en 2023.

Pour les livreurs Uber Eats, le revenu moyen par course s'établit à 4,50 euros en 2023, pour une prestation d'environ douze minutes. En tenant compte du temps d'attente entre les courses, un autoentrepreneur travaillant exclusivement pour la plateforme pourrait atteindre un revenu horaire brut de 10,10 euros. Après déduction des cotisations sociales, estimées à environ 20%, le revenu net se situerait bien en dessous du SMIC horaire net de 9,23 euros.

Les disparités entre plateformes sont notables. Deliveroo offre en moyenne 5,50 euros par course, tandis que Stuart propose 6 euros. Ces chiffres permettent d'estimer un revenu horaire théorique, mais ne reflètent pas la réalité complexe du terrain, où la plupart des travailleurs collaborent avec plusieurs plateformes.

"Entre les frais d'entretien de mon vélo et les cotisations, il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. On parcourt facilement 50 à 100 km par jour, et le pourboire est devenu essentiel pour compléter nos revenus."

Témoignage d'un livreur anonyme

Du côté des VTC, la situation semble légèrement meilleure, avec des revenus par course variant entre 11 et 19 euros pour les principales plateformes comme Bolt, Uber ou Heetch. Les services haut de gamme comme LeCab et Marcel affichent des montants plus élevés, atteignant 40 euros par course.

Il est important de noter que ces chiffres ne prennent pas en compte les charges liées à l'entretien des véhicules pour les VTC, ni les cotisations sociales qui varient selon le type d'activité. De plus, les algorithmes des plateformes jouent un rôle crucial dans l'attribution des courses, influençant directement les revenus des travailleurs.

Face à cette situation, de nombreux travailleurs des plateformes se sont organisés en collectifs pour défendre leurs droits. La question de leur protection sociale est devenue un sujet de débat politique majeur, avec l'Union européenne qui travaille actuellement sur une directive pour encadrer le travail via les plateformes numériques.

La loi El Khomri de 2016 a introduit des droits spécifiques pour ces travailleurs indépendants, et en 2020, la Cour de cassation a même requalifié la relation entre Uber et un chauffeur en contrat de travail. Ces évolutions juridiques témoignent de la complexité et de l'importance croissante de ce secteur dans l'économie moderne.

Alors que le secteur de la livraison de repas a connu une croissance significative pendant la pandémie de COVID-19, certaines villes européennes ont commencé à imposer des restrictions à ces services. Ces mesures, combinées à la pression économique actuelle, pourraient conduire à une restructuration de l'économie des plateformes dans les années à venir.