Georges Abdallah : 40 ans de détention et un débat persistant

Militant libanais emprisonné depuis 1984, Georges Abdallah reste au cœur d'une controverse mêlant justice, diplomatie et raison d'État. Son cas soulève des questions sur les limites de la détention prolongée.

2 octobre 2024, 03:07  •  0 vues

Georges Abdallah : 40 ans de détention et un débat persistant

Le 25 octobre 2024 marquera un triste anniversaire pour Georges Ibrahim Abdallah, militant marxiste libanais pro-palestinien, qui aura passé 40 ans derrière les barreaux en France. Condamné à perpétuité pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates à Paris en 1982, son cas continue de susciter débats et controverses.

Abdallah, né en 1951 au Liban, a fondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) en 1979, un groupe proche du Front populaire de libération de la Palestine de Georges Habache. Son arrestation à Lyon en 1984 a mis fin à ses activités militantes, mais a ouvert un chapitre judiciaire et diplomatique complexe qui perdure jusqu'à aujourd'hui.

La routine quotidienne d'Abdallah au centre pénitentiaire de Lannemezan, ouvert en 1987, l'année de sa condamnation, reflète la monotonie de sa longue incarcération. Levé à 4h30, il s'informe via les chaînes arabes, fait de l'exercice dans la cour, et répond à son abondant courrier.

"Je ne regrette rien. Je suis un combattant de la cause palestinienne."

Georges Abdallah, lors d'une audience

Son cas s'inscrit dans le contexte tumultueux du conflit israélo-palestinien des années 1980. L'invasion israélienne du Liban en 1982 a exacerbé les tensions, conduisant à une guerre de l'ombre entre Israël et ses adversaires arabes, dont les répercussions se sont fait sentir jusqu'en Europe.

Malgré onze demandes de libération depuis 2001, Abdallah reste incarcéré. Les autorités invoquent son absence de repentir et le risque potentiel de son retour au Liban. La seule décision favorable à sa libération, en 2013, a été bloquée par le ministère de l'Intérieur, alors dirigé par Manuel Valls.

Cette affaire soulève des questions sur les limites de la détention prolongée, la France ayant aboli la peine de mort en 1981 et prévoyant une révision des peines à perpétuité après 18 à 22 ans. Le statut d'Abdallah divise : ses partisans le considèrent comme le plus ancien prisonnier politique d'Europe, tandis que ses détracteurs le voient comme un terroriste non repenti.

Le cas d'Abdallah illustre la complexité des relations internationales et l'influence de la diplomatie sur la justice. Les pressions américaines et israéliennes ont joué un rôle indéniable dans le maintien de sa détention, rappelant que le conflit israélo-palestinien, officiellement commencé en 1948, continue d'avoir des ramifications bien au-delà du Moyen-Orient.

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Alors que le débat sur son sort se poursuit, l'affaire Abdallah reste un symbole des dilemmes auxquels font face les démocraties dans leur lutte contre le terrorisme, tout en cherchant à préserver l'équité judiciaire et les droits de l'homme.