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Loay Ayyoub : L'objectif courageux capturant la tragédie de Gaza

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Loay Ayyoub, photographe palestinien de 29 ans, nommé pour un prix prestigieux, témoigne de la guerre à Gaza. Son parcours illustre la résilience face à l'adversité dans un contexte de conflit prolongé.

Loay Ayyoub, photographe palestinien de 29 ans originaire de Gaza City, est nommé dans la catégorie jeune reporter du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Le gagnant sera annoncé le 12 octobre 2024, et Ayyoub espère cette fois pouvoir assister à la cérémonie.

Né et élevé dans le nord de la bande de Gaza, une région de seulement 365 km² abritant environ 2 millions d'habitants, Ayyoub a découvert sa passion pour la photographie pendant ses études de journalisme à l'université Al-Azhar de Gaza, fondée en 1991. Il se souvient avec émotion du jour où son père lui a offert son premier appareil photo, il y a dix ans.

Sa carrière de photographe a débuté en 2018, lors des manifestations commémorant les 70 ans de la Nakba, l'exode palestinien de 1948. Ces "Marches du retour" le long de la frontière entre Gaza et Israël ont été violemment réprimées, faisant plus de 150 morts et au moins 10 000 blessés palestiniens selon le Centre Al-Mezan. Les clichés d'Ayyoub ont attiré l'attention du Washington Post, l'un des journaux les plus influents aux États-Unis, marquant le début de leur collaboration.

Le 8 octobre 2023, la vie d'Ayyoub a basculé avec le début des bombardements israéliens sur Gaza, en représailles aux attaques du Hamas. "Je ne me suis jamais qualifié de reporter de guerre. Je le suis devenu", confie-t-il. Depuis, il a documenté les déplacements de population, la destruction de villes entières, la famine et la propagation de maladies dans cette enclave où 97% des ressources en eau sont contaminées.

La guerre a également eu un lourd tribut sur les journalistes. Selon Reporters sans frontières, plus de 130 journalistes palestiniens auraient été tués depuis octobre 2023, dont au moins 32 dans l'exercice de leurs fonctions. Ayyoub exprime sa douleur : "J'ai photographié de nombreux collègues tués pendant la guerre. Cela fait très mal de se dire que vous pourriez être à la place de celui qui vient de mourir."

Malgré l'horreur, Ayyoub reste déterminé : "Il n'y a pas de place pour la faiblesse. Tu dois continuer, tu dois rester debout." Son travail témoigne de la résilience des Gazaouis face à une crise humanitaire chronique, dans une région au taux de chômage parmi les plus élevés au monde, mais aussi riche d'une histoire de plus de 3000 ans et de sites archéologiques importants.