Report du procès du Canard enchaîné : santé d'Escaro au cœur du débat

Le procès très attendu impliquant d'anciens dirigeants du Canard enchaîné, hebdomadaire satirique français fondé en 1915, vient d'être reporté au 8 juillet 2025. Cette décision, prise par le tribunal correctionnel de Paris, soulève des questions sur l'avenir de cette affaire judiciaire complexe.

Michel Gaillard et Nicolas Brimo, anciens responsables du journal, font face à des accusations d'abus de biens sociaux. L'affaire concerne également André Escaro, dessinateur renommé, et son épouse Edith Vandendaele. Cette dernière est soupçonnée d'avoir bénéficié d'un emploi fictif après la retraite officielle d'Escaro en 1996, bien que celui-ci ait continué à fournir des dessins jusqu'en 2022.

Le préjudice financier, évalué par la brigade financière, s'élèverait à 1,45 million d'euros sur la période 2010-2022. Cette somme importante souligne l'ampleur de l'affaire pour un journal qui se finance uniquement par ses ventes, refusant toute publicité.

L'état de santé d'André Escaro, âgé de 96 ans, est au cœur du report. Son avocat, Jean Baptiste Marre, a décrit une situation préoccupante : "André Escaro est extrêmement affaibli, il dort toute la journée, il chute la nuit. Pour lui, c'est un calvaire." Cette condition explique également l'absence de Mme Vandendaele à l'audience.

Les avocats de Gaillard et Brimo ont soutenu la demande de report, soulignant l'importance de la présence d'Escaro et Vandendaele pour leur défense. Cependant, les représentants de Christophe Nobili, le journaliste à l'origine de l'affaire, ont qualifié cette demande de manœuvre "dilatoire".

Le procureur Hadrien Aramini a exprimé des doutes sur l'amélioration de l'état de santé d'Escaro, suggérant que le temps qui passe pourrait compliquer davantage la tenue du procès.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels fait face le Canard enchaîné, un journal connu pour ses révélations politiques et sa structure unique. Avec une circulation hebdomadaire d'environ 300 000 exemplaires, le journal a survécu à de nombreuses tentatives de censure et maintenu son influence sur le débat public français.

Le report du procès soulève des questions sur l'avenir de cette institution journalistique, qui a joué un rôle crucial dans plusieurs scandales politiques français. Alors que le journal continue de naviguer dans ces eaux troubles, son engagement envers l'indépendance éditoriale et sa tradition de dessins satiriques percutants restent intacts.

"Le temps qui passe ne nous rajeunit pas."

Cette affaire judiciaire complexe met en évidence les défis auxquels sont confrontés les médias traditionnels dans un paysage médiatique en constante évolution. Le Canard enchaîné, avec sa riche histoire de résistance et son modèle économique unique, se trouve maintenant face à un test de sa résilience institutionnelle.