La montée de l'extrême droite menace les valeurs européennes

L'Europe fait face à une montée inquiétante de l'extrême droite, remettant en question les valeurs de liberté, égalité et fraternité. La récente victoire du FPÖ en Autriche illustre cette tendance préoccupante.

8 octobre 2024, 04:04  •  0 vues

La montée de l'extrême droite menace les valeurs européennes

Il y a environ 15 ans, Henry Kissinger a posé une question intrigante à Zhou Enlai concernant le succès de la Révolution française. La réponse énigmatique de Zhou, "Il est trop tôt pour le dire", est devenue célèbre. Aujourd'hui, près de 235 ans après le début de cet événement historique majeur, la réponse semble malheureusement pencher vers le négatif.

Les valeurs fondamentales de liberté, égalité et fraternité, adoptées comme devise officielle de la France en 1848, semblent s'éroder en Europe, berceau de la démocratie parlementaire. Cette tendance inquiétante se manifeste par la montée en puissance de partis néofascistes dans près de la moitié des États européens.

Des pays comme la Hongrie, la Serbie, la Slovaquie et la Russie sont déjà sous l'emprise de gouvernements quasi autocratiques. L'Autriche, membre de l'Union européenne depuis 1995, vient de rejoindre cette liste préoccupante. Le 29 septembre 2024, le pays a placé en tête des élections législatives le FPÖ, un parti qualifié d'extrême droite même par les médias conservateurs.

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Le programme du FPÖ, fondé en 1956, ne cache pas ses intentions radicales. Il prône ouvertement une purification ethnique et culturelle de la "forteresse" autrichienne, utilisant une rhétorique rappelant celle de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande nazie de 1933 à 1945. Leurs propositions incluent l'inscription des "deux sexes" dans la Constitution, une "remigration" radicale et un système social à deux vitesses favorisant les Autrichiens "de souche".

En matière de politique culturelle, le FPÖ menace de réduire les subventions aux "manifestations culturelles woke", ciblant notamment l'Eurovision, concours de chanson international organisé depuis 1956, et le Festival de Vienne, fondé en 1951. Cette approche restrictive de la culture rappelle les politiques mises en place en Hongrie et en Slovaquie, deux pays ayant rejoint l'UE en 2004.

"Il conviendra d'appliquer la même méthode que chez nos voisins hongrois et slovaques : une réduction des subventions aux manifestations culturelles woke."

Le FPÖ déclare :

Cette situation remet en question la théorie de Francis Fukuyama sur le triomphe inévitable de la société libérale, une idée qui fait écho à la vision de Karl Marx sur la société sans classes. L'égalité et la fraternité, piliers de l'État-providence développé en Europe après la Seconde Guerre mondiale, sont désormais qualifiées de "propagande woke" par l'extrême droite.

Geert Wilders, fondateur du Parti pour la liberté aux Pays-Bas en 2006, a résumé la situation en félicitant le FPÖ : "On va gagner ! L'identité, la souveraineté et la liberté ; voilà ce à quoi aspirent des millions d'Européens." Cette déclaration illustre le défi auquel l'Europe est confrontée : préserver ses valeurs fondamentales face à la montée du nationalisme et de l'extrémisme.