Tensions commerciales : la Chine riposte aux taxes de l'UE sur les voitures électriques

Dans un nouvel épisode de la guerre commerciale entre l'Union européenne (UE) et la Chine, Pékin a annoncé le 8 octobre 2024 une mesure de rétorsion visant les importations de brandy européen. Cette décision intervient cinq jours après que l'UE a voté l'imposition de droits de douane pouvant atteindre 35% sur les voitures électriques chinoises.

À partir du 11 octobre 2024, les importateurs de brandy européen devront déposer une caution auprès des douanes chinoises. Cette mesure affecte particulièrement l'industrie du cognac français, qui représente 95% des brandys importés en Chine. Il est important de noter que le cognac est un produit d'appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis 1909, et que la Chine est devenue le plus grand marché d'exportation pour ce spiritueux français.

Sophie Primas, ministre déléguée chargée du commerce extérieur, a déclaré que la France et l'UE contesteront ces "mesures incompréhensibles" devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Cependant, l'efficacité de cette démarche est remise en question, car l'OMC peine depuis des années à régler les contentieux commerciaux internationaux.

Cette escalade des tensions commerciales s'inscrit dans un contexte plus large. En janvier 2024, la Chine avait lancé une enquête sur les eaux-de-vie européennes, en réponse à l'enquête de l'UE sur les subventions chinoises dans divers secteurs, notamment les voitures électriques, l'énergie solaire photovoltaïque et les éoliennes. Il est à noter que la Chine est devenue le plus grand producteur mondial dans ces trois domaines.

L'industrie du cognac, qui emploie environ 60 000 personnes en France et représente 70% des exportations de spiritueux français, se trouve particulièrement vulnérable face à ces mesures. En août 2024, la Chine avait affirmé avoir des preuves d'un dumping européen, et les maisons de négoce avaient reçu des notifications d'intentions de taxes pouvant atteindre environ 35% en moyenne.

La décision de l'UE d'imposer des droits de douane sur les voitures électriques chinoises, malgré l'opposition de l'Allemagne, a été perçue par certains comme un sacrifice de l'industrie viticole française. Cette mesure doit entrer en vigueur fin octobre 2024, alors que Bruxelles avait déjà mis en place un mécanisme de caution de garantie pour les constructeurs chinois.

Il est important de souligner que ces tensions commerciales ont des implications bien au-delà du secteur automobile et des spiritueux. L'UE est le plus grand partenaire commercial de la Chine, et ces différends affectent une large gamme de produits et d'industries des deux côtés.

"Les notifications d'intentions de taxes pourraient être d'environ 35 % en moyenne."

Cette situation met en lumière la complexité des relations commerciales internationales et les défis auxquels sont confrontés les organismes de régulation comme l'OMC. Alors que la Chine continue de dominer des secteurs clés comme la production de voitures électriques, de panneaux solaires et d'éoliennes, l'UE cherche à protéger ses industries tout en maintenant des relations commerciales équilibrées.

L'issue de ce conflit commercial aura des répercussions significatives non seulement sur l'industrie du cognac et le secteur automobile, mais aussi sur l'ensemble des relations économiques entre l'UE et la Chine. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si une résolution pacifique peut être trouvée ou si les tensions continueront de s'intensifier.