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L'Afrique du Sud rééquilibre sa diplomatie : entre principes et pragmatisme

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L'Afrique du Sud ajuste sa politique étrangère avec un nouveau ministre plus ouvert à la diplomatie économique. Le pays maintient sa position sur le conflit israélo-palestinien tout en préparant sa présidence du G20 en 2025.

L'Afrique du Sud, nation arc-en-ciel aux 11 langues officielles, semble entrer dans une nouvelle ère diplomatique. Neuf mois après avoir déposé une plainte contre Israël pour génocide auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), le pays ajuste subtilement sa politique étrangère.

Le président Cyril Ramaphosa, lors de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre 2024, a réaffirmé la position sud-africaine contre l'apartheid. Cependant, il a également souligné l'aube d'une "nouvelle ère" avec la formation d'un gouvernement d'union nationale en juin 2024.

Au cœur de ce changement se trouve Ronald Lamola, 40 ans, nouveau ministre des Affaires étrangères. Contrairement à sa prédécesseure Naledi Pandor, Lamola adopte une approche plus ouverte à la diplomatie économique. Cette évolution reflète la diversité du nouveau gouvernement, formé après que l'ANC a perdu sa majorité absolue lors des élections du 29 mai 2024, une première depuis la fin de l'apartheid en 1994.

L'Alliance démocratique (AD), désormais principal allié de l'ANC, prône une approche modérée des relations internationales. Cette coalition a rassuré la communauté juive sud-africaine, la plus importante d'Afrique subsaharienne, qui s'était sentie délaissée après les attaques du 7 octobre 2023.

Malgré ces changements, l'Afrique du Sud maintient sa position de principe sur le conflit israélo-palestinien. Le pays s'apprête à déposer de nouveaux documents auprès de la CIJ pour étayer ses accusations de génocide contre Israël. Cependant, l'attention pourrait se détourner vers la présidence sud-africaine du G20 en 2025, soulignant l'importance croissante du pays sur la scène internationale.

La plainte contre Israël a renforcé l'image de l'Afrique du Sud comme porte-parole du Sud global. Le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) salue cette initiative, tout en appelant à des actions plus concrètes, comme l'arrêt des exportations de charbon vers Israël.

L'Afrique du Sud, berceau de l'humanité et pays aux 8 sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, cherche à équilibrer son activisme diplomatique avec ses intérêts économiques. Cette approche reflète la complexité d'un pays qui a produit deux lauréats du prix Nobel de la paix et qui fut le premier à inscrire les droits des personnes LGBT dans sa constitution en 1996.

"Ronald Lamola est plus ouvert à l'importance de la diplomatie économique, par opposition à une diplomatie purement idéologique."

Jakkie Cilliers, directeur de l'Institute for Security Studies

Alors que l'Afrique du Sud se prépare à prendre la présidence du G20, elle devra naviguer habilement entre ses principes historiques et les réalités économiques mondiales. Cette nouvelle ère diplomatique pourrait redéfinir le rôle du pays sur la scène internationale, tout en préservant son héritage de lutte contre l'injustice.