Reconnaissance de la Palestine : l'initiative européenne peine à porter ses fruits

Quatre mois après la reconnaissance de la Palestine par certains pays européens, l'impact reste limité. Les relations diplomatiques se tendent et les adhésions espérées tardent à se concrétiser.

9 octobre 2024, 09:34  •  0 vues

Reconnaissance de la Palestine : l'initiative européenne peine à porter ses fruits

En mai 2024, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont pris une décision audacieuse en reconnaissant officiellement la Palestine comme un État, suivies peu après par la Slovénie. Cette initiative, motivée par la volonté de promouvoir une solution à deux États, n'a cependant pas eu l'effet escompté plus de quatre mois après son lancement.

Malgré les efforts diplomatiques, notamment une tournée européenne du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez en avril 2024, l'initiative n'a pas réussi à rallier d'autres pays européens. Le Portugal et la Belgique, que Madrid espérait convaincre, n'ont pas encore franchi le pas. Cette situation illustre la complexité du conflit israélo-palestinien, qui dure depuis plus de 70 ans et pour lequel une solution consensuelle reste difficile à trouver.

L'ambition de l'Espagne d'organiser un sommet pour la paix, rappelant celui de Madrid en 1991 qui avait ouvert la voie aux accords d'Oslo de 1993, semble compromise. Les relations entre Madrid et Tel-Aviv se sont détériorées, Israël n'ayant pas nommé de nouvel ambassadeur en Espagne depuis la crise diplomatique de mai 2024.

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Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait exprimé l'espoir que cette reconnaissance "protégerait la solution de paix des deux États". Cependant, cet objectif ne s'est pas encore concrétisé, malgré le soutien de nombreux pays et organisations internationales à cette approche.

En Irlande, le Premier ministre Simon Harris justifiait ainsi la décision de son pays :

"Si les pays ne prennent pas maintenant cette mesure formelle pour reconnaître la Palestine, je crains qu'il n'y ait plus d'opportunité à l'avenir. Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que la reconnaissance de la Palestine, seule, ne va pas résoudre le conflit entre Israël et la Palestine, mais elle peut apporter une contribution réelle et pleine de sens. Nous devons être du bon côté de l'histoire."

Simon Harris, Premier ministre irlandais

Cette déclaration reflète la longue tradition irlandaise de soutien à la cause palestinienne, ainsi que la volonté de répondre aux attentes d'une opinion publique favorable à la Palestine.

Le 13 septembre 2024, Madrid a accueilli une réunion du "groupe euro-arabe-islamique", visant à encourager de nouvelles reconnaissances de l'État palestinien. Des représentants de la Turquie, de l'Arabie saoudite, de la Jordanie, de l'Égypte, du Qatar et de la Palestine étaient présents. Côté européen, seules l'Irlande, la Slovénie et la Norvège ont participé, aux côtés du Haut représentant de l'Union européenne, l'Espagnol Josep Borrell.

Cette participation limitée souligne les divisions au sein de l'UE sur la question palestinienne. Bien que plus de 130 pays aient reconnu l'État de Palestine à ce jour, l'Union européenne n'a pas de position commune sur le sujet. Cette situation complexe reflète les défis persistants dans la recherche d'une paix durable au Moyen-Orient, malgré les initiatives diplomatiques et les efforts de médiation de divers acteurs régionaux et internationaux.