Tragédie florale : Le combat d'une mère pour la justice après le décès de sa fille

Laure Marivain lutte pour faire reconnaître le lien entre l'exposition aux pesticides dans l'industrie florale et le décès de sa fille Emmy. Une audience cruciale est prévue à Rennes.

9 octobre 2024, 04:23  •  0 vues

Tragédie florale : Le combat d'une mère pour la justice après le décès de sa fille

Dans la région nantaise, Laure Marivain poursuit un combat poignant pour honorer la promesse faite à sa fille Emmy, décédée le 12 mars 2022 à l'âge de 11 ans après une longue lutte contre la leucémie aiguë lymphoblastique B, le cancer le plus fréquent chez l'enfant. Cette tragédie familiale met en lumière les risques potentiels liés à l'exposition aux pesticides dans l'industrie florale, un secteur économique important estimé à plusieurs milliards d'euros par an.

Le 9 octobre 2024, Laure Marivain et son époux se présenteront devant la cour d'appel de Rennes pour contester l'indemnisation proposée par le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Cette audience marque une étape cruciale dans leur quête de reconnaissance et de justice.

Le FIVP, créé en France en 2020, a reconnu pour la première fois le lien entre la pathologie d'Emmy et son exposition prénatale aux pesticides. Cette décision historique souligne les risques potentiels auxquels sont exposés les professionnels de la fleur. Laure Marivain, qui a travaillé comme fleuriste de 2004 à 2008 puis comme représentante de fleurs de 2008 à 2011 dans les Pays de la Loire, une région importante pour l'horticulture française, affirme : « Si l'on m'avait mise en garde, ma fille serait encore là ».

L'industrie florale utilise fréquemment des pesticides pour contrôler les insectes et les maladies, ainsi que pour prolonger la durée de vie des fleurs coupées. Ces substances peuvent persister dans l'environnement pendant de longues périodes, malgré les réglementations en matière de sécurité au travail.

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Le parcours d'Emmy a été marqué par une série d'épreuves médicales. Diagnostiquée en janvier 2015, elle a connu une rémission complète suivie de trois rechutes. Au total, Emmy a passé 468 jours au service d'oncologie pédiatrique du CHU de Nantes, subissant de nombreux examens et interventions chirurgicales. La chimiothérapie, traitement principal de la leucémie, a entraîné des effets secondaires dévastateurs tels que la perte de cheveux, les nausées et l'isolement social.

Les rapports médicaux détaillent les souffrances endurées par Emmy : douleurs lombaires osseuses, sciatiques, céphalées, vomissements, et l'angoisse omniprésente de la mort. Ces symptômes sont malheureusement courants chez les patients atteints de leucémie, la sciatique pouvant être causée par la pression d'une tumeur sur les nerfs.

Malgré la reconnaissance du lien causal par le FIVP, l'indemnisation proposée ne prend en compte que les préjudices subis par les parents, ignorant les années de souffrance d'Emmy et de sa famille. François Lafforgue, l'avocat des Marivain, souligne l'inadéquation de cette proposition.

Cette affaire soulève des questions importantes sur la reconnaissance des maladies professionnelles liées aux pesticides et la nécessité d'une meilleure protection des travailleurs dans l'industrie florale. Elle met également en lumière les défis psychologiques auxquels sont confrontés les enfants atteints de cancer et leurs familles, notamment l'angoisse de mourir et l'isolement social.

« Tu dois faire savoir au monde, maman »

Laure Marivain, mère d'Emmy

Le combat de Laure Marivain vise non seulement à obtenir justice pour Emmy, mais aussi à sensibiliser le public aux risques potentiels liés à l'exposition aux pesticides dans l'industrie florale. Cette affaire pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance et la prévention des risques professionnels dans ce secteur.