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La joaillerie durable : l'essor des pierres précieuses recyclées

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La joaillerie adopte lentement le surcyclage. Des marques comme Héloïse & Abélard et Rouvenat utilisent des pierres récupérées, offrant une alternative durable. Les défis persistent, mais l'industrie évolue vers plus de circularité.

Dans un monde où le surcyclage gagne du terrain, la joaillerie semble être à la traîne. Cependant, une tendance émergente vers l'utilisation de pierres précieuses recyclées commence à se dessiner. Cette évolution s'inscrit dans une longue histoire, la joaillerie existant depuis au moins 100 000 ans, avec les plus anciens bijoux connus datant du Paléolithique moyen.

Héloïse Schapiro, fondatrice d'Héloïse & Abélard, est à l'avant-garde de ce mouvement. Créée en 2019, sa marque utilise des diamants et des saphirs récupérés pour créer des bijoux uniques. "Parce que j'exige un niveau homogène de couleur et de brillance, vous ne verrez pas de différence à l'œil nu entre les diamants récupérés de mes bijoux et des diamants de mine", affirme-t-elle. Cette approche s'aligne avec le fait que le recyclage des métaux précieux dans la joaillerie peut réduire l'impact environnemental jusqu'à 99%.

L'utilisation de pierres vintage présente des défis, notamment en termes d'approvisionnement. Sandrine de Laage, directrice artistique de Rouvenat, une maison parisienne du XIXe siècle relancée en 2022, explique : "Travailler avec des pierres vintage complique un peu les choses, mais je n'en tire aucune frustration : le bon design est celui qui répond à une contrainte". Cette adaptabilité est cruciale, car les pierres récupérées peuvent varier en taille et en forme.

L'approvisionnement en pierres vintage reste un défi. Claire Portais, experte en pierres chez Rouvenat, souligne : "Quand on cherche, on trouve beaucoup d'anciennes pierres fines ou précieuses inexploitées. Mais peu de négociants sont organisés et ont gardé des certificats ou des photos permettant leur traçabilité". Cette situation contraste avec le marché des diamants neufs, où la bourse des diamants d'Anvers traite environ 84% des diamants bruts du monde.

Les grandes maisons commencent timidement à adopter cette tendance. Louis Vuitton a récemment créé un bijou d'épaule pour l'actrice Cate Blanchett, composé de 80 perles et 633 diamants issus d'anciennes pièces de haute joaillerie. Ce bijou a été porté à Cannes le 20 mai 2023 et à Venise le 28 août 2023, marquant un pas vers la joaillerie durable.

Malgré ces avancées, l'industrie reste largement dépendante des pierres neuves. Cependant, avec la croissance du marché de la joaillerie éthique et durable, estimée à 15% par an, le futur pourrait voir une adoption plus large de cette pratique. L'utilisation de pierres récupérées pourrait devenir aussi courante que la taille brillant moderne des diamants, développée par Marcel Tolkowsky en 1919 et aujourd'hui standard dans l'industrie.

"La création, chez moi, est à la merci de ce que je déniche."

Héloïse Schapiro, fondatrice d'Héloïse & Abélard, déclare :

Cette approche innovante de la joaillerie ouvre la voie à une industrie plus durable, où la beauté des pierres précieuses s'allie à la responsabilité environnementale. Alors que le plus gros diamant jamais trouvé, le Cullinan, pesait 3106 carats avant d'être taillé, l'avenir de la joaillerie pourrait bien résider dans la réutilisation créative de pierres plus modestes mais tout aussi précieuses.