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Kenya : Le vice-président Gachagua face à une procédure de destitution inédite

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L'Assemblée nationale kenyane a approuvé une motion de destitution contre le vice-président Rigathi Gachagua, accusé de corruption. Cette procédure sans précédent révèle des tensions politiques croissantes.

Dans une démarche sans précédent depuis l'indépendance du Kenya en 1963, l'Assemblée nationale a approuvé une motion de destitution contre le vice-président Rigathi Gachagua. Ce vote, qui s'est déroulé le 8 octobre 2024, marque une étape cruciale dans la vie politique de ce pays d'Afrique de l'Est, dont la population atteint aujourd'hui environ 55 millions d'habitants.

La motion, soutenue par 282 des 349 députés, dépasse largement la majorité des deux tiers requise. Elle accuse Gachagua de corruption, d'atteinte à l'unité nationale et d'insubordination envers le président William Ruto. Ces allégations surviennent dans un contexte de tensions politiques croissantes, deux ans après l'élection présidentielle d'août 2022.

Gachagua, âgé de 59 ans, rejette fermement ces accusations, les qualifiant de "pure propagande". Lors d'une séance parlementaire, il s'est défendu pendant près de deux heures, s'appuyant sur un document de 500 pages. Le vice-président affirme que son patrimoine, estimé à environ 36 millions d'euros, provient d'un héritage familial et de ses activités commerciales antérieures.

Cette procédure de destitution, instaurée par la Constitution de 2010, reflète les changements profonds dans le système politique kenyan. Elle intervient dans un pays qui a connu des violences post-électorales en 2007-2008 et qui cherche depuis à renforcer ses institutions démocratiques.

La détérioration des relations entre Gachagua et le président Ruto s'est accentuée suite aux manifestations antigouvernementales de juin-juillet 2024. Ces événements ont mis en lumière les défis auxquels le Kenya est confronté, malgré son statut de principale économie d'Afrique de l'Est et de hub technologique surnommé "Silicon Savannah".

"Je me battrai jusqu'au bout (...) Je n'ai aucun doute que j'obtiendrai justice et que cette procédure de destitution sera annulée."

Rigathi Gachagua, vice-président du Kenya

Le Kenya, pays traversé par l'équateur et abritant une partie du lac Victoria, fait face à des enjeux complexes. Alors qu'il se distingue par ses avancées technologiques, comme le lancement de son premier satellite en 2018, et ses performances sportives aux Jeux olympiques de Paris 2024, le pays doit également gérer la diversité de ses plus de 40 groupes ethniques et les défis environnementaux, comme en témoigne l'interdiction des sacs plastiques en 2017.

La prochaine étape de cette procédure de destitution se jouera au Sénat, où 45 voix sur 68 seront nécessaires pour confirmer la décision de l'Assemblée nationale. Si la motion est adoptée, Gachagua deviendrait le premier vice-président kenyan destitué depuis l'instauration de la nouvelle Constitution, marquant ainsi un tournant dans l'histoire politique du pays.