Crise du pouvoir d'achat : Les Français adaptent leurs habitudes de consommation
Face à l'inflation persistante, les consommateurs français privilégient les produits de base et réduisent leurs achats non essentiels. Malgré une baisse récente de l'inflation, le pouvoir d'achat reste sous pression.
Dans un contexte économique difficile, les consommateurs français adaptent leurs habitudes d'achat pour faire face à la hausse des prix. Michel Biero, le numéro deux de Lidl en France, observe :
"Le consommateur n'a qu'une priorité, c'est de remplir son assiette. Et il le fait avec des conserves de thon plutôt que du saumon, et du steak haché plutôt que de l'entrecôte."
Cette tendance reflète une réalité économique plus large. L'inflation, phénomène caractérisé par une hausse générale et durable des prix, a fortement impacté le pouvoir d'achat des Français. Bien que l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) rapporte une baisse de l'inflation à 1,2% en septembre 2024, contre 4,9% un an auparavant, les effets sur la consommation persistent.
Les ventes de produits non alimentaires chez Lidl illustrent cette situation. Michel Biero note que leur part dans le chiffre d'affaires est passée de 10% avant la crise à 6-6,5% actuellement. Les articles à plus de 10 euros se vendent moins bien, signe d'une prudence accrue des consommateurs.
La consommation, qui représente environ 55% du PIB en France, peine à reprendre. Entre août 2023 et août 2024, les dépenses des Français sont restées stables selon l'Insee. L'institut Kantar rapporte que le panier moyen des ménages ne comptait que onze articles à l'été 2024, contre quatorze en 2020.
Emmanuel Le Roch, délégué général de la Fédération Procos, souligne que la population ne ressent pas encore le ralentissement de l'inflation. En effet, les prix dans les grandes surfaces alimentaires restent environ 20% plus élevés qu'en 2021, comme le précise Emily Mayer de l'institut Circana.
L'écart entre l'augmentation des prix et celle des salaires aggrave la situation. Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques, indique qu'entre mi-2021 et mi-2024, les prix ont augmenté de 13% en moyenne, contre 11% pour les salaires, entraînant une baisse de 2% des salaires réels.
Cette crise inflationniste, la plus grave depuis les années 1980, a particulièrement affecté les salariés. La consommation, moteur important de la croissance économique, reste sous pression, malgré les efforts d'adaptation des consommateurs.
Face à ces défis, les Français continuent d'ajuster leurs habitudes de consommation, privilégiant les produits de base et réduisant les dépenses non essentielles. Cette situation souligne l'importance de surveiller l'évolution des prix et des salaires pour comprendre les dynamiques de consommation à venir.
