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Grève massive des dockers américains : risque de paralysie économique

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Une grève historique des dockers de la côte est et du Golfe du Mexique débute, menaçant l'économie américaine. Les revendications salariales et l'absence de négociations soulèvent des inquiétudes majeures.

Le 1er octobre 2024, une grève massive des dockers a débuté sur la côte est des États-Unis et dans le Golfe du Mexique, marquant un tournant historique dans le secteur maritime américain. Ce mouvement social, le premier depuis 1977, survient à un moment critique, à seulement cinq semaines de l'élection présidentielle et à l'approche des fêtes de fin d'année.

L'International Longshoremen's Association (ILA), syndicat fondé en 1892 et représentant 85 000 membres, est à l'origine de cette action. La grève affecte 14 ports majeurs, dont Houston, le plus grand du Golfe du Mexique, New York, troisième port du pays, ainsi que Boston, le plus ancien port d'Amérique du Nord, fondé en 1630.

Les revendications du syndicat sont significatives : une augmentation salariale de 77% sur six ans. Cette demande fait suite aux profits considérables réalisés par les compagnies maritimes pendant la pandémie de Covid-19, estimés à plus de 200 milliards de dollars. Le président de l'ILA, Harold Daggett, souligne le rôle crucial des dockers pendant cette période :

"Nous n'avons jamais fermé le port pendant le Covid. Des membres de l'ILA ont perdu leur vie quand les gens travaillaient de chez eux. Mes hommes étaient sur les docks tous les jours."

Harold Daggett, président de l'ILA

La question salariale est au cœur du débat. Bien que le salaire horaire maximal soit théoriquement de 39 dollars, les heures supplémentaires sont courantes. Une enquête a révélé qu'en 2019-2020, 55% des dockers du port de New York gagnaient plus de 150 000 dollars par an, et un tiers dépassait les 200 000 dollars.

L'impact potentiel de cette grève est considérable. Les ports touchés gèrent environ la moitié du trafic de conteneurs entrant aux États-Unis. Un détournement vers la côte ouest semble peu probable, le canal de Panama étant encombré et les ports californiens saturés. Cette situation pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement, notamment pour les industries fonctionnant en flux tendu, comme l'automobile qui représente 3% du PIB américain.

Les craintes d'une résurgence de l'inflation sont palpables. La dernière perturbation logistique majeure, survenue après la pandémie de Covid-19, avait entraîné une hausse significative des prix, atteignant un pic de 9,1% en juin 2022. La Réserve fédérale, créée en 1913, venait tout juste de réduire ses taux d'intérêt de 5,25% à 4,75%, reflétant une amélioration de la situation économique.

Cette grève met en lumière l'importance cruciale du transport maritime, qui représente environ 90% du commerce mondial en volume. Les États-Unis, étant le plus grand importateur mondial de biens de consommation, sont particulièrement vulnérables à de telles perturbations.

Alors que le pays se prépare pour le Black Friday et la période des fêtes, moments clés pour le commerce, l'inquiétude grandit. La dernière grève majeure des ports de la côte ouest en 2002, qui n'avait duré que 10 jours, avait déjà eu des répercussions significatives sur l'économie.

Face à cette situation, tous les regards se tournent vers Washington. La loi Taft-Hartley de 1947 permet au président d'intervenir dans les grèves majeures, une option qui pourrait être envisagée si le conflit venait à s'enliser, rappelant l'intervention présidentielle lors de la grève des contrôleurs aériens de 1981.