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Telegram : plateforme du trafic d'esclaves de l'État islamique

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L'application Telegram a hébergé un marché d'otages yézidis de l'EI de 2014 à 2019. Un activiste yézidi, Bahzad Farhan, a documenté ces crimes pour préserver la mémoire de sa communauté.

L'application de messagerie Telegram, créée par Pavel Durov, s'est retrouvée au cœur d'un scandale impliquant le trafic d'esclaves yézidis par l'organisation État islamique (EI). Ce réseau tentaculaire a prospéré en toute impunité de 2014 à 2019, période correspondant à l'existence du "califat" autoproclamé par l'EI.

Le cas d'Imane, une fillette yézidie de 5 ans, illustre l'horreur de ce trafic. Capturée lors des massacres du 3 août 2014, elle a été mise en vente sur Telegram pour 6 000 dollars à Mossoul, puis pour 4 000 dollars à Raqqa. Son sauvetage en juillet 2016 marque la fin de deux années de calvaire.

Les yézidis, une minorité religieuse kurde vieille de 4000 ans, ont été la cible d'un génocide perpétré par l'EI. Selon une étude publiée par PLOS en 2017, environ 3 100 yézidis ont péri lors de l'offensive d'août 2014, dont 1 400 exécutés et 1 700 morts d'inanition dans les monts Sinjar.

Bahzad Farhan, un activiste yézidi, s'est consacré à la documentation de ces crimes et au sauvetage des otages. Il explique :

"Il n'y a pas de trace écrite des massacres que nous avons subis à travers l'histoire. La mémoire yézidie s'est transmise de manière orale. J'ai voulu que, cette fois, nous gardions des preuves tangibles de l'innommable."

Bahzad Farhan

Farhan a fondé l'association Kinyat en 2017 et collaboré avec la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) pour publier un rapport en 2018 sur les crimes sexuels commis par les recrues étrangères de l'EI contre les yézidis.

L'utilisation de Telegram par l'EI pour ce trafic soulève des questions sur la responsabilité de la plateforme. Connue pour son cryptage de bout en bout et sa politique de confidentialité, Telegram a été critiquée pour son utilisation par des groupes extrémistes.

Le temple de Lalesh, site sacré du yézidisme, symbolise la résilience de cette communauté face aux persécutions historiques. La reconstruction des zones yézidies en Irak reste un défi majeur, huit ans après le génocide.

L'ONU a reconnu les crimes de l'EI contre les yézidis comme un génocide. Le trafic d'êtres humains et l'utilisation d'enfants soldats sont considérés comme des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre selon le droit international.

La chute du "califat" de l'EI en 2019 a mis fin à ce trafic sur Telegram, mais les séquelles persistent. La communauté internationale, qui a formé une coalition militaire contre l'EI en 2014, doit maintenant se concentrer sur la justice et la reconstruction.