Le Pass Culture : Bilan et perspectives pour démocratiser l'accès à la culture
Le Pass Culture, initiative récente pour repenser le modèle culturel français, fait face à des défis. Malgré ses succès, des améliorations sont proposées pour diversifier les publics et les pratiques culturelles.
Depuis sa création en 2019, le Pass Culture a marqué une nouvelle ère dans la politique culturelle française. Cette initiative, lancée sous la présidence d'Emmanuel Macron, s'inscrit dans la lignée des projets audacieux du ministère de la Culture, dont l'histoire remonte à sa fondation en 1959 par André Malraux.
Le Pass Culture a déjà parcouru un chemin considérable en trois ans. Sa part collective, destinée aux collégiens et lycéens, est saluée comme un franc succès. La part individuelle, accessible dès 15 ans, a également séduit de nombreux jeunes, stimulant la lecture et ouvrant de nouveaux horizons artistiques pour la moitié d'entre eux.
Cependant, des rapports récents soulignent que la part individuelle du Pass Culture tend à reproduire les inégalités sociales existantes. Face à ce constat, une approche équilibrée s'impose, entre ceux qui appellent à son abandon et ceux qui le défendent sans réserve.
Deux défis majeurs se présentent : diversifier réellement les publics en attirant des jeunes qui se sentent exclus de la culture, et élargir les pratiques culturelles en encourageant de nouvelles habitudes. Pour y répondre, une refonte en profondeur du modèle de la part individuelle est proposée, articulée autour de cinq orientations.
La première orientation vise à renforcer la mission démocratique du Pass Culture. Sans renoncer à son universalité, il est suggéré d'allouer davantage de ressources aux jeunes de condition modeste, tout en maintenant un soutien aux classes moyennes.
Cette approche s'inscrit dans la continuité des efforts du ministère de la Culture pour démocratiser l'accès à la culture. Depuis sa création, le ministère a initié de nombreux projets emblématiques qui ont façonné le paysage culturel français. Parmi eux, on peut citer le Centre Pompidou (1977), le Grand Louvre et sa Pyramide (1989), ou encore la Bibliothèque nationale de France (1996).
Le Pass Culture s'inspire également d'initiatives antérieures comme la Fête de la Musique, créée en 1982, qui est devenue un événement culturel international. Il s'appuie sur un riche patrimoine culturel, avec plus de 1200 musées nationaux et territoriaux et plus de 16 000 monuments historiques classés en France.
"Est-ce rédhibitoire ? Entre ceux qui réclament d'un côté l'arrêt du Pass culture, sans reconnaître ni ses avancées, ni son potentiel, ni même la moindre possibilité d'amélioration, et ceux qui, de l'autre côté, défendent le dispositif sans nuance ni esprit critique, j'assume un chemin d'équilibre."
Cette approche équilibrée vise à tirer parti du potentiel du Pass Culture pour moderniser le modèle culturel français, tout en reconnaissant ses limites actuelles. Elle s'inscrit dans une longue tradition d'innovation culturelle en France, qui a vu naître des institutions comme le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) en 1946, ou plus récemment, la Philharmonie de Paris en 2015.
En repensant le Pass Culture, l'objectif est de s'adapter aux évolutions de la société française et aux défis posés par les algorithmes prescripteurs, tout en réaffirmant l'importance de la diversité de l'offre culturelle. Cette démarche s'inspire de succès passés comme la loi Lang sur le prix unique du livre (1981), qui a contribué à préserver la diversité littéraire.
Le Pass Culture a le potentiel de devenir un outil puissant pour démocratiser l'accès à la culture, à l'instar d'initiatives comme la Fête du Cinéma lancée en 1985. En s'adaptant et en évoluant, il peut contribuer à façonner le paysage culturel français des années à venir, tout comme l'ont fait avant lui des institutions emblématiques telles que le Musée d'Orsay ou le Palais de Tokyo.