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Scission syndicale à Marseille : FO territoriaux en crise

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Une nouvelle section syndicale autonome se forme au sein de Force Ouvrière à Marseille, remettant en question le leadership de longue date. Cette division reflète les tensions croissantes entre la ville et la métropole.

La section marseillaise de Force Ouvrière (FO) territoriaux, qui représente près de 3 500 adhérents, traverse actuellement une crise interne majeure. Cette organisation syndicale, fondée en 1948, fait face à une scission qui menace de bouleverser son influence historique dans la région.

Le 25 septembre 2024, environ 200 agents de la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) se sont rassemblés au pied de la tour La Marseillaise, conçue par l'architecte Jean Nouvel. Cette réunion improvisée a abouti à la création d'une section syndicale autonome pour la métropole, dirigée par Carine Riquier Pinet.

Cette décision marque une rupture significative avec la structure existante, qui regroupait depuis près de 25 ans les agents de la ville de Marseille et ceux de la métropole AMP sous une même bannière. La métropole Aix-Marseille-Provence, créée en 2016, est la plus grande de France en superficie et compte environ 1,8 million d'habitants.

Les critiques visent particulièrement Patrick Rué, secrétaire général de FO territoriaux Marseille depuis 2012. Riquier Pinet déclare :

"On en a marre des pratiques internes et d'être sous la coupe de Patrick Rué. Il a 70 ans, est à la retraite depuis trois ans et ne peut plus siéger dans aucune instance paritaire… Pourtant, il vient de se faire réélire pour quatre ans secrétaire régional des Territoriaux."

Carine Riquier Pinet, nouvelle dirigeante de la section syndicale autonome

Cette situation soulève des questions sur la représentativité syndicale, un sujet sensible depuis la modification de la loi en 2008. Le taux de syndicalisation en France est d'environ 11% en 2024, ce qui rend chaque adhérent précieux pour les organisations syndicales.

Les dissidents pointent du doigt la perte d'influence de FO à la métropole, où le syndicat n'a obtenu que 31% des voix lors des dernières élections en 2022, cédant du terrain à la FSU (Fédération Syndicale Unitaire), créée en 1993. Ils soulignent également les différences entre les besoins de la ville et ceux de la métropole, qui englobe 92 communes.

Historiquement, FO a joué un rôle crucial à Marseille, la plus ancienne ville de France fondée vers 600 av. J.-C. Le syndicat a entretenu des relations étroites avec les maires successifs, de Gaston Defferre (PS, 1953-1986) à Jean-Claude Gaudin (LR, 1995-2020), ce dernier ayant même été président du Sénat par intérim en 2014.

Cette "cogestion" a longtemps permis d'éviter les mouvements sociaux, les édiles donnant la priorité aux revendications de FO. Cependant, la création de Marseille-Provence-Métropole en 2000, devenue plus tard AMP, a complexifié la situation avec des transferts de compétences et de personnels.

La fonction publique territoriale, qui emploie environ 2 millions de personnes en France, est régie par des lois spécifiques, comme celle sur la transformation de la fonction publique adoptée en 2019. Le Conseil Commun de la Fonction Publique, créé en 2012, joue un rôle important dans la gestion de ces questions.

L'avenir de FO territoriaux à Marseille dépendra de la décision de l'union départementale (UD) des Bouches-du-Rhône concernant la validation de la nouvelle section syndicale. Cette crise reflète les défis plus larges auxquels font face les syndicats en France, notamment dans le contexte de la décentralisation et de l'évolution des structures territoriales.