Retailleau critique le rôle des associations dans les centres de rétention

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, remet en question l'intervention des associations dans les centres de rétention administrative. Il propose de confier le conseil juridique et social à l'OFII, suscitant un débat sur la gestion de l'immigration.

3 octobre 2024, 13:03  •  30 vues

Retailleau critique le rôle des associations dans les centres de rétention

Dans une série d'interviews récentes, Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur français, a exprimé son intention de revoir le rôle des associations dans les centres de rétention administrative (CRA). Cette déclaration intervient dans un contexte de débat renouvelé sur la politique migratoire française, notamment suite à l'affaire Philippine.

Les CRA, établis en France depuis 1981, accueillent chaque année des dizaines de milliers d'étrangers en situation irrégulière en attente d'expulsion. En 2022, environ 50 000 personnes ont été placées dans ces centres, dont la durée maximale de rétention est passée de 7 à 90 jours en 2018.

Retailleau a déclaré au Figaro Magazine :

"Je voudrais que l'Etat soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent en CRA. De même, je considère que le conseil juridique et social aux personnes retenues dans les CRA relève de l'Office français de l'immigration et de l'intégration [OFII], et non des associations, qui sont juge et partie."

Le ministre de l'Intérieur s'exprime

Cette proposition soulève des questions sur l'avenir du soutien juridique et social dans les CRA. Actuellement, cinq associations, dont la Cimade fondée en 1939, interviennent dans le cadre d'un marché public récemment renouvelé pour 26 millions d'euros sur quatre ans.

L'OFII, créé en 2009, est principalement présent dans les CRA pour proposer une aide au départ volontaire. Cependant, selon la Cour des comptes, seulement 79 personnes ont bénéficié de cette aide depuis les CRA en 2022.

La gestion des CRA est revenue au centre du débat public suite à l'affaire Philippine, où le principal suspect du meurtre de cette étudiante était un ressortissant marocain libéré d'un CRA faute de laissez-passer consulaire.

Il est important de noter que la France est le pays européen qui place le plus d'étrangers en rétention administrative. En 2022, le taux d'occupation moyen des CRA était de 91%, avec un coût estimé à environ 120 euros par personne et par jour.

Les déclarations de Retailleau soulèvent des inquiétudes quant à l'accès aux droits des personnes retenues. La loi prévoit que les étrangers en rétention bénéficient d'actions d'accueil, d'information et de soutien pour exercer leurs droits et préparer leur départ.

Cette proposition intervient dans un contexte plus large de débat sur l'immigration en France. Depuis 1945, la loi sur l'immigration a été modifiée plus de 100 fois, reflétant la complexité et la sensibilité de cette question.

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La gestion des CRA soulève également des questions de droits humains. La France a été condamnée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l'homme pour les conditions de rétention dans ces centres. De plus, la présence de mineurs en CRA est vivement critiquée par de nombreuses organisations.

Alors que le débat se poursuit, il est crucial de trouver un équilibre entre le contrôle de l'immigration et le respect des droits fondamentaux des personnes retenues dans les CRA.