Richard Ford, l'écrivain américain renommé, continue d'enrichir son cycle "Frank Bascombe" avec son dernier roman, "Le Paradis des fous". Cette œuvre, qui s'inscrit dans une série débutée il y a près de quatre décennies, suit le schéma familier des précédents ouvrages tout en apportant une nouvelle perspective sur la vie de son protagoniste.
Dans ce nouveau volet, nous retrouvons Frank Bascombe, désormais âgé de 75 ans, à la veille de la Saint-Valentin en février 2020. Le roman se concentre sur un voyage de trois jours que Frank entreprend avec son fils Paul, âgé de 47 ans, vers le mont Rushmore dans le Dakota du Sud. Ce qui distingue ce voyage, c'est le diagnostic récent de Paul : il souffre de la maladie de Charcot, une condition neurodégénérative qui le condamne à court terme.
Ford tisse habilement des liens avec ses œuvres précédentes, notamment "Indépendance", lauréat du prix Pulitzer en 1996. Ce roman racontait un voyage similaire de Frank avec un Paul adolescent, visitant des lieux emblématiques du baseball. La maladie de Paul dans "Le Paradis des fous" est ironiquement connue aux États-Unis comme "la maladie de Lou Gehrig", du nom d'un célèbre joueur de baseball décédé en 1941.
Malgré le contexte sombre, Ford insuffle à son récit une dose surprenante d'humour noir. Le dialogue entre père et fils reste "codé et elliptique", parsemé de blagues de qualité variable. Cette approche reflète la conviction de l'auteur que même face à l'adversité, la nature fondamentale des relations humaines persiste.
"Qu'est-ce que l'amour, sinon une infinie série de gestes isolés ?"
Cette citation capture l'essence de la relation entre Frank et Paul. Tout au long de leur périple "semi-épique", l'amour paternel se manifeste non pas par de grandes déclarations, mais par une multitude de petits gestes attentionnés envers le fils malade.
"Le Paradis des fous" offre une réflexion poignante sur le vieillissement, la maladie et les liens familiaux, le tout enveloppé dans l'humour caractéristique de Ford. Ce roman démontre une fois de plus la capacité de l'auteur à explorer la complexité de la condition humaine à travers le prisme de la vie ordinaire américaine.