Le projet de mine de lithium Emili dans l'Allier, porté par le groupe Imerys, pourrait devenir l'un des plus importants chantiers miniers en France métropolitaine depuis plus de cinquante ans. La Commission nationale du débat public (CNDP) a récemment présenté la synthèse de ses travaux concernant ce projet ambitieux, estimé à un milliard d'euros d'investissement.
Le débat public, qui s'est déroulé sur cinq mois jusqu'à fin juillet 2024, a suscité une forte participation citoyenne avec plus de 3 000 participants aux douze réunions publiques. Cette mobilisation témoigne de l'importance des enjeux soulevés par le projet Emili.
Le projet se compose de trois sites distincts : l'extraction et la transformation du lithium à Echassières, le stockage à Saint-Bonnet-de-Rochefort, et le raffinage à Montluçon. Imerys prévoit de produire 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an à partir de 2028, suffisant pour équiper 700 000 batteries de véhicules électriques.
Le lithium, découvert en 1817 par Johan August Arfwedson, est devenu un élément crucial pour la transition énergétique. C'est le métal le plus léger et le moins dense des éléments solides, ce qui en fait un composant idéal pour les batteries rechargeables.
Imerys promet la création de 500 à 600 emplois directs et un millier d'emplois indirects dans l'Allier, un département confronté à des défis démographiques et économiques. Ce projet s'inscrit dans la stratégie française visant à développer une filière nationale de minerais et métaux stratégiques, réduisant ainsi la dépendance aux importations, notamment chinoises.
"Pour une partie du public, l'urgence d'une transition justifie de faire évoluer notre consommation vers des mobilités plus soutenables, et la production d'un lithium français est alors perçue comme une opportunité industrielle pour décarboner les transports"
Cependant, le débat a également mis en lumière des inquiétudes locales. Les risques environnementaux, tels que la gestion des déchets, l'utilisation de l'eau et l'impact sur la biodiversité, sont au cœur des préoccupations. L'extraction du lithium nécessite en effet de grandes quantités d'eau et peut affecter les écosystèmes locaux.
Les aspects socio-économiques soulèvent également des questions, notamment sur les retombées réelles en termes d'emplois et le partage de la rente minière pour les communes concernées. Ces interrogations s'inscrivent dans un contexte plus large de débat sur la transition écologique et énergétique.
Il est important de noter que la France possède des réserves de lithium estimées à 1,6 million de tonnes, et que l'Union européenne a classé le lithium comme matière première critique en 2020. La demande mondiale de lithium devrait quadrupler d'ici 2030, soulignant l'importance stratégique de ce projet.
Le débat autour du projet Emili reflète les défis complexes de la transition énergétique. Alors que le lithium est essentiel pour les technologies vertes, son extraction soulève des questions environnementales. Le recyclage des batteries au lithium, un défi technologique et économique, pourrait offrir une solution partielle à long terme.
En conclusion, le projet Emili cristallise les tensions entre les impératifs de développement économique, d'indépendance stratégique et de protection de l'environnement. Son avenir dépendra de la capacité à concilier ces différents enjeux dans le cadre de la transition écologique française et européenne.