Soldat ukrainien défie l'armée : un cri d'alarme sur la démobilisation

Serhiy Hnezdilov, 24 ans, abandonne son unité pour protester contre l'absence de démobilisation. Son acte soulève un débat national sur les conditions de service prolongé dans l'armée ukrainienne.

1 octobre 2024, 12:03  •  14 vues

Soldat ukrainien défie l'armée : un cri d'alarme sur la démobilisation

Le 28 septembre 2023, Serhiy Hnezdilov, un soldat ukrainien de 24 ans, a ouvert la porte de son appartement à Kiev, révélant un visage marqué par l'angoisse et la fatigue. Sept jours plus tôt, il avait pris une décision radicale en annonçant publiquement son intention d'abandonner son unité, la 56e brigade d'infanterie mécanisée, sans autorisation.

Cette action audacieuse visait à attirer l'attention sur l'absence de perspectives de démobilisation pour les soldats engagés depuis le début de l'invasion russe à grande échelle, le 24 février 2022. Hnezdilov a déclaré :

"Nous ne pouvons pas continuer ainsi : qu'un homme soit amené à défendre le pays jusqu'à la fin de sa vie, tandis qu'un autre continue à simplement vivre normalement"

Serhiy Hnezdilov, soldat ukrainien

Son message, publié sur Facebook, a déclenché un vif débat dans les médias ukrainiens et sur les réseaux sociaux. Certains saluent son geste comme nécessaire, tandis que d'autres le critiquent comme irresponsable, craignant qu'il n'encourage d'autres désertions alors que l'armée ukrainienne fait face à une pression croissante sur le front du Donbass.

La notoriété de Hnezdilov a amplifié l'impact de son acte. Engagé volontaire dès 2019 lors de la guerre du Donbass, il s'était fait connaître comme activiste et soldat via sa page Facebook. Il était également apprécié pour ses interviews de personnalités ukrainiennes pour le média indépendant Hromadske et son implication dans l'organisation d'un festival culturel.

Depuis son retour à Kiev, Hnezdilov change fréquemment de téléphone et de logement, craignant d'être arrêté et renvoyé au front. Il espère un procès médiatisé pour maintenir l'attention sur la question de la démobilisation, bien que quatre avocats aient déjà refusé de le représenter.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels l'Ukraine est confrontée en matière de recrutement et de rotation des troupes. Avec environ 255 000 soldats actifs en 2023, l'armée ukrainienne peine à recruter suffisamment pour remplacer ceux en service prolongé. La fatigue de combat et le besoin de rotation sont des problèmes cruciaux pour maintenir le moral et l'efficacité militaire.

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La situation de Hnezdilov soulève des questions importantes sur l'équilibre entre le devoir patriotique et le droit à une vie normale. Alors que la loi martiale et la mobilisation générale restent en vigueur depuis février 2022, le débat sur la durée du service militaire et les conditions de démobilisation devient de plus en plus pressant.

L'Ukraine a mis en place des programmes de soutien psychologique pour les soldats, reconnaissant l'impact du service prolongé sur leur bien-être mental. Cependant, la loi ukrainienne prévoit des peines sévères pour la désertion en temps de guerre, plaçant Hnezdilov dans une situation juridique précaire.

Cette affaire met en évidence la complexité de la gestion des ressources humaines dans un conflit prolongé. Alors que l'Ukraine continue de recevoir un soutien militaire important de ses alliés occidentaux, la question de la durabilité de son effort de guerre à long terme reste un défi majeur.