Quatre policiers mis en examen pour violences sur un handicapé à Papeete

À Papeete, quatre policiers font face à des accusations de violences envers une personne handicapée. L'incident, filmé et partagé sur les réseaux sociaux, a conduit à leur mise en examen et placement sous contrôle judiciaire.

1 octobre 2024, 09:59  •  45 vues

Quatre policiers mis en examen pour violences sur un handicapé à Papeete

Dans un incident troublant survenu à Papeete, capitale administrative de la Polynésie française, quatre agents de police se trouvent au cœur d'une controverse suite à des actes de violence présumés envers une personne en situation de handicap. L'affaire, qui soulève des questions sur le comportement des forces de l'ordre et la protection des personnes vulnérables, a éclaté après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux.

Le 1er octobre 2024, la procureure de la République, Solène Belaouar, a annoncé la mise en examen de quatre policiers impliqués dans cette affaire. Les accusations portées contre eux sont graves : "violences volontaires aggravées commises par des personnes dépositaires de l'autorité publique, en réunion et sur une personne vulnérable, ainsi que faux". Cette mise en examen souligne la gravité des faits présumés, d'autant plus que le faux en écriture publique est considéré comme un délit sérieux en droit français.

Les autorités ont pris des mesures immédiates en plaçant les accusés sous contrôle judiciaire strict, incluant l'interdiction d'exercer leur profession de policier. Cette décision reflète l'importance accordée à l'éthique et à la déontologie dans les forces de l'ordre, principes fondamentaux enseignés lors de la formation des agents.

L'incident s'est déroulé dans la nuit du 27 au 28 septembre 2024, dans un quartier sensible de Papeete. Une vidéo amateur de 49 secondes, filmée depuis le balcon d'un immeuble, montre les quatre policiers entourant un homme en fauteuil roulant endormi dans la rue. Les images révèlent ensuite un agent soulevant le fauteuil et faisant tomber l'homme, avant de lui asséner un coup violent au visage alors qu'il tentait de se redresser.

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Ce qui rend cette affaire particulièrement préoccupante est la divergence entre le rapport initial des policiers et les faits révélés par la vidéo. Dans leur compte-rendu, les agents avaient décrit la victime comme "très excitée, flirtant avec l'outrage et peu coopérative", affirmant qu'elle était déjà blessée à leur arrivée et qu'elle serait "tombée de son fauteuil toute seule". Cependant, face à l'évidence de la vidéo, ils ont dû admettre que leur rapport "n'était pas conforme à la réalité".

Lors de sa garde à vue, le policier adjoint de 27 ans, auteur présumé des violences, a reconnu avoir fait chuter l'homme "involontairement" avant de lui porter un coup "par énervement", invoquant le comportement prétendument insultant et l'état d'ébriété de la victime. Ces justifications soulèvent des questions sur la gestion des situations difficiles par les forces de l'ordre et le respect du Code de déontologie de la Police Nationale.

La victime, un homme de 48 ans, a subi des "lésions traumatiques superficielles au niveau du visage, du bras droit, du coude gauche et des deux genoux". Bien que ces blessures soient décrites comme superficielles, l'incident met en lumière la vulnérabilité des personnes handicapées face aux abus potentiels d'autorité.

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de préoccupations concernant les violences policières, un sujet qui dépasse les frontières de la Polynésie française. Elle souligne l'importance croissante des vidéos amateurs et des réseaux sociaux dans la documentation et la dénonciation de tels incidents, ainsi que leur rôle dans les procédures judiciaires.

L'enquête en cours, probablement menée par l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), devra éclaircir les circonstances exactes de l'incident tout en respectant le principe de présomption d'innocence. Cette affaire rappelle la nécessité d'une vigilance constante dans la formation et la supervision des forces de l'ordre, particulièrement dans leur interaction avec les personnes vulnérables.

"Les deux gardiens de la paix et les deux policiers adjoints ont été mis en examen pour violences volontaires aggravées commises par des personnes dépositaires de l'autorité publique, en réunion et sur une personne vulnérable, ainsi que faux."

Solène Belaouar, procureure de la République

En conclusion, cet incident à Papeete soulève des questions importantes sur l'éthique policière, la protection des personnes vulnérables et la transparence des forces de l'ordre. Il met en lumière la nécessité d'une réflexion approfondie sur les pratiques policières et la formation des agents, tout en rappelant l'importance des mécanismes de contrôle et de responsabilité au sein des institutions chargées de faire respecter la loi.