Condamnations controversées : quand la science mal interprétée mène à l'échafaud

L'affaire Robert Roberson au Texas soulève des questions sur l'utilisation de théories scientifiques contestées dans les tribunaux. Des cas similaires mettent en lumière les dangers de condamnations basées sur des preuves médicales douteuses.

1 octobre 2024, 10:32  •  44 vues

Condamnations controversées : quand la science mal interprétée mène à l'échafaud

L'affaire Robert Roberson au Texas soulève des questions cruciales sur l'utilisation de théories scientifiques controversées dans les tribunaux. Condamné à mort en 2003 pour le meurtre de sa fille de 2 ans, Roberson, un homme de 57 ans souffrant d'autisme, attend son exécution prévue le 17 octobre 2024.

Le cas de Roberson repose sur le syndrome du bébé secoué, une théorie médicale apparue aux États-Unis dans les années 1970. Cette théorie, qui a conduit à plus de trente exonérations aux États-Unis, est désormais largement remise en question. Un rapport gouvernemental suédois de 2016 a notamment contribué à complexifier le diagnostic de ce syndrome.

"L'innocence de Robert Roberson ne fait aucun doute."

Déclaration d'un groupe de scientifiques et médecins

De nouvelles preuves médicales ont émergé en janvier 2024, suggérant d'autres explications pour la mort de Nikki, la fille de Roberson, notamment une pneumonie sévère. Il est important de noter que la pneumonie est la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde.

L'autisme de Roberson, diagnostiqué seulement en 2018, a joué un rôle crucial dans son procès. Son manque apparent d'émotions a été interprété à tort comme un signe de culpabilité. Il est à noter que l'autisme touche environ 1% de la population mondiale.

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Le cas de Roberson n'est malheureusement pas isolé. Melissa Lucio, condamnée à mort au Texas en 2008 pour la mort de sa fille de 2 ans, a vu son exécution suspendue en 2022 suite à des contestations des conclusions médicales initiales. En Australie, Kathleen Folbigg a été libérée et exonérée en 2023 après 20 ans d'incarcération pour la mort de ses quatre bébés, grâce à des découvertes génétiques.

Ces affaires mettent en lumière les dangers de l'utilisation de théories scientifiques non prouvées dans les tribunaux, comme l'a souligné l'Académie américaine des sciences en 2009. Elles soulèvent également des questions sur la fiabilité de la "loi de Meadow", qui suggère que plusieurs morts subites du nourrisson dans une même famille sont probablement des meurtres déguisés.

Le Projet Innocence, qui a contribué à l'exonération de plus de 375 personnes condamnées à tort aux États-Unis, soutient activement la cause de Roberson. L'écrivain John Grisham, connu pour son engagement contre la peine de mort, fait également partie de ses défenseurs.

Alors que le Texas reste l'État américain ayant exécuté le plus grand nombre de prisonniers depuis 1976, ces cas controversés soulignent l'urgence de réévaluer l'utilisation de preuves scientifiques dans les procès pénaux et remettent en question la pratique de la peine de mort.