Coupes budgétaires imminentes dans l'enseignement supérieur français

Le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche en France fait face à d'importantes réductions budgétaires. Les universités et les syndicats expriment leurs inquiétudes quant à l'impact sur la qualité de l'éducation et de la recherche.

1 octobre 2024, 09:52  •  45 vues

Coupes budgétaires imminentes dans l'enseignement supérieur français

Le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche en France se prépare à faire face à d'importantes réductions budgétaires. Alors que le Premier ministre Michel Barnier s'apprête à prononcer son discours de politique générale le 1er octobre 2024, et que le projet de budget 2025 sera présenté le 9 octobre, l'appréhension grandit au sein de la communauté universitaire.

La situation financière des universités françaises est déjà préoccupante. Selon France Universités, l'association qui regroupe les présidents d'établissements, 60 universités sur 75 sont en déficit en 2024, contre seulement 15 en 2022. Cette augmentation rapide du nombre d'établissements en difficulté financière souligne la fragilité du système.

Les projections budgétaires pour 2025 prévoient une baisse de 320 millions d'euros pour l'enseignement supérieur et la recherche, sur un budget total de 31,3 milliards d'euros. Cette réduction représente plus de 60% de l'augmentation prévue par la loi de programmation pour la recherche, votée en 2020.

Boris Gralak, secrétaire général du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU), exprime son inquiétude :

« Nous attendions une accélération des budgets de la loi de programmation de la recherche, et nous allons devoir nous battre pour simplement la préserver »

Ces coupes budgétaires s'ajoutent à celles déjà effectuées en février 2024, qui s'élevaient à 588 millions d'euros pour le ministère. Boris Gralak souligne que 300 millions d'euros représentent environ 10% de la dotation publique au CNRS ou le budget d'une université entière.

Image

Lors de la passation de pouvoir le 23 septembre 2024, l'ancienne ministre Sylvie Retailleau a exprimé son inquiétude concernant les financements. Son successeur, Patrick Hetzel, député Les Républicains du Bas-Rhin et ancien directeur de l'enseignement supérieur, n'a pas fourni de garanties spécifiques, se contentant d'affirmer son attachement au secteur.

Le syndicat enseignant Snesup-FSU qualifie la situation de "précipice austéritaire". Selon leurs calculs, l'augmentation du budget des universités (1,3%) restera inférieure à l'inflation prévue (2,6%) pour l'année en cours. Anne Roger, cosecrétaire générale du syndicat, affirme que le système ne tient que grâce aux heures supplémentaires imposées aux titulaires et à l'emploi de vacataires et de contractuels.

Il est important de noter que malgré ces difficultés, le système d'enseignement supérieur français reste l'un des plus accessibles d'Europe, avec des frais d'inscription parmi les plus bas. La France accueille également le troisième plus grand nombre d'étudiants internationaux au monde, témoignant de l'attractivité de son système éducatif.

Cependant, les coupes budgétaires prévues risquent de compromettre la qualité de l'enseignement et de la recherche. Avec un investissement d'environ 2,2% du PIB dans la recherche et développement, la France se classe au cinquième rang mondial en termes de publications scientifiques. Le maintien de cette position pourrait être menacé si les ressources continuent à diminuer.

Les défis auxquels fait face l'enseignement supérieur français sont nombreux, mais son importance pour l'économie et la société reste indéniable. Le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est inférieur à la moyenne nationale, soulignant la valeur d'un diplôme universitaire sur le marché du travail.

Alors que le gouvernement cherche à réaliser des économies, il est crucial de trouver un équilibre entre la rigueur budgétaire et le maintien d'un système d'enseignement supérieur et de recherche de qualité, essentiel pour l'avenir du pays.