L'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a présenté le 17 septembre 2023 à Bruxelles un plan audacieux visant à revitaliser l'économie de l'Union européenne (UE). Face à une croissance stagnante et un écart croissant avec les États-Unis, Draghi estime que l'UE risque un déclin progressif sans action décisive.
Le plan proposé par Draghi nécessite des investissements annuels de 800 milliards d'euros, soit environ 5% du PIB de l'UE. Ces fonds seraient alloués à trois domaines principaux :
- La transition climatique (plus de 50% du budget)
- La défense, dans le contexte du conflit en Ukraine
- Les nouvelles technologies, notamment l'intelligence artificielle
Draghi souligne que l'UE a déjà manqué le virage de l'Internet il y a 25 ans, laissant les géants américains dominer le secteur. Il met en garde contre une répétition de cette erreur avec l'intelligence artificielle, considérée comme cruciale pour l'avenir économique.
: "Par habitant, les revenus disponibles ont progressé deux fois plus vite aux États-Unis que dans l'Union européenne depuis 2000."
Cette disparité de croissance se reflète dans les chiffres d'investissement privé : en 2023, l'UE investit environ 13% de son PIB, contre 14,5% aux États-Unis.
Pour financer ce plan ambitieux, Draghi suggère une combinaison d'emprunts publics au niveau de l'UE et d'investissements privés. Il estime que 80% des fonds nécessaires devraient provenir du secteur privé, soit environ 650 milliards d'euros par an.
Pour mobiliser ces ressources, Draghi propose la création d'une "union des marchés de capitaux", un marché financier unifié à l'échelle européenne. Cette initiative vise à résoudre le paradoxe actuel : malgré une épargne abondante (1 390 milliards d'euros en 2022, contre 840 milliards aux États-Unis), l'Europe peine à générer des investissements privés suffisants.
La fragmentation du marché financier européen est identifiée comme un obstacle majeur. Les banques et fonds d'investissement restent largement nationaux, limitant leur capacité à financer des projets à grande échelle. Cette situation pousse souvent les start-ups européennes prometteuses à se tourner vers les États-Unis pour obtenir des financements importants.
L'ampleur du plan Draghi est sans précédent, représentant deux à trois fois le montant du plan Marshall d'après-guerre. Il s'inscrit dans la continuité d'autres initiatives européennes récentes, telles que le fonds de relance de 750 milliards d'euros lancé en réponse à la pandémie de COVID-19 et le programme Horizon Europe doté de 95,5 milliards d'euros pour la recherche et l'innovation.
La réussite de ce plan ambitieux dépendra de la capacité de l'UE à surmonter ses divisions internes et à créer un environnement propice aux investissements massifs nécessaires pour relever les défis du 21e siècle, notamment la transition vers la neutralité carbone d'ici 2050 et la compétitivité dans le domaine des technologies émergentes.