Grève massive paralyse les transports en Corse : enjeux et débats

Un mouvement social bloque les aéroports et ports corses, suscitant un débat sur la gestion future des infrastructures. L'île fait face à des défis économiques et juridiques majeurs.

4 octobre 2024, 05:59  •  0 vues

Grève massive paralyse les transports en Corse : enjeux et débats

Le 3 octobre 2024, la Corse, quatrième plus grande île de la Méditerranée avec environ 330 000 habitants, a connu une paralysie sans précédent de ses infrastructures de transport. Les quatre aéroports et six ports de l'île ont été mis à l'arrêt en raison d'un mouvement social d'envergure initié par les agents consulaires.

Cette action, menée par le syndicat STC (Sindicatu di i travagliadori corsi), vise à préserver la gestion publique des infrastructures de transport. Les manifestants expriment leur inquiétude face aux déclarations d'Alexandre Patrou, représentant du préfet, concernant la future gestion des ports et aéroports prévue pour le 1er janvier 2025.

L'impact sur les transports a été considérable. Jean-Baptiste Martini, directeur commercial d'Air Corsica, a annoncé que seuls les vols essentiels seraient maintenus. Cette situation est particulièrement critique pour une île qui importe 95% de ses marchandises du continent.

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Le cœur du débat porte sur la création de deux syndicats mixtes ouverts (SMO) pour gérer les ports et aéroports. Cette solution permettrait à la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de conserver la gestion sans passer par un appel d'offres. Cependant, Alexandre Patrou a soulevé des doutes quant à la légalité de ce montage, évoquant un "risque juridique important".

Il est important de noter que la Corse n'a pas suivi le mouvement national d'ouverture du marché des chambres de commerce en 2020. Un délai de quatre ans (2020-2024) lui a été accordé pour mener un audit et établir un nouveau schéma pour les chambres consulaires, dans le cadre de son évolution institutionnelle.

Jean Dominici, président de la CCI, a souligné l'importance économique des ports et aéroports pour l'île : "Ils pèsent 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et transportent chaque année plus de 8,5 millions de passagers et 3 millions de tonnes de fret".

Cette situation met en lumière les défis uniques auxquels la Corse est confrontée. Avec plus de 1 000 km de côtes et 22 tours génoises historiques, l'île doit concilier son patrimoine, son économie et son autonomie. Le débat actuel s'inscrit dans une histoire riche, rappelant que la Corse a été brièvement indépendante de 1755 à 1769.

L'enjeu dépasse le simple cadre des transports. Il touche à l'identité même de l'île, symbolisée par son drapeau à tête de Maure datant du 18e siècle, et à son développement futur. La Corse, qui abrite 5 réserves naturelles et 2 parcs marins, doit trouver un équilibre entre préservation de son environnement unique et développement économique.

Alors que les négociations se poursuivent, l'avenir des infrastructures de transport corses reste incertain. Cette situation rappelle l'importance stratégique de ces "poumons et artères" de l'économie insulaire, essentiels pour une île qui produit des vins AOC depuis 1968 et cultive une variété unique de clémentine sans pépins.