Stellantis : La chute vertigineuse après une année record

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, fait face à une baisse drastique des résultats en 2024 après une année 2023 exceptionnelle. Le groupe automobile affronte de multiples défis, notamment sur le marché américain.

4 octobre 2024, 07:03  •  28 vues

Stellantis : La chute vertigineuse après une année record

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, se trouve aujourd'hui dans une situation délicate. Après une année 2023 exceptionnelle, le groupe automobile fait face à une chute vertigineuse de ses résultats en 2024. Cette situation met en lumière les limites de la stratégie de Tavares, basée sur la réduction drastique des coûts et l'augmentation des prix de vente.

En 2023, Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler en janvier 2021, avait atteint des marges comparables à celles de constructeurs premium comme Mercedes ou BMW. Un exploit sans précédent pour un constructeur généraliste. Le cours de l'action avait atteint un sommet en mars 2024, à 27,34 euros, saluant une décennie de leadership de Carlos Tavares.

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Cependant, la situation s'est rapidement détériorée. Le 29 septembre 2024, le conseil d'administration s'est réuni d'urgence. Dans une ambiance décrite comme "funèbre" par un administrateur, Tavares a annoncé une forte révision à la baisse des résultats. La marge opérationnelle, qui était de 14% en 2023, est désormais prévue entre 5,5% et 7% pour 2024, impliquant une rentabilité nulle au second semestre. L'action a chuté à 13 euros.

Cette baisse drastique s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, Stellantis a dû faire face à la crise des airbags Takata, qui a entraîné une campagne de rappel sans précédent, assortie d'une recommandation de ne plus utiliser les véhicules concernés. Cette situation a soulevé des questions sur la capacité du groupe à anticiper les problèmes, dans un contexte de réduction constante des coûts.

Par ailleurs, le groupe fait face à des plaintes de propriétaires de Citroën C3 et C4, ainsi que de Peugeot équipées de moteurs PureTech défaillants. Il est intéressant de noter que ce moteur avait pourtant remporté le prix "International Engine of the Year" dans sa catégorie pendant quatre années consécutives.

La crise la plus grave se situe sur le marché américain, où Stellantis réalisait la moitié de ses profits. La stratégie de maintien de prix élevés, alors que les concurrents les baissaient, s'est avérée désastreuse. Les parts de marché des marques américaines du groupe (Chrysler, Jeep, Ram et Dodge) ont fortement reculé. Les concessionnaires, par la voix de leur président Kevin Farris, ont vivement critiqué cette approche, la qualifiant de "court-termiste et imprudente".

Face à ces défis, le conseil d'administration a lancé le processus de recrutement du successeur de Carlos Tavares, dont le mandat se termine en janvier 2026. Cette décision intervient alors que Stellantis, quatrième constructeur automobile mondial en termes de ventes, doit naviguer dans un contexte de transition vers l'électrique. Le groupe a d'ailleurs annoncé un plan d'investissement de 30 milliards d'euros dans l'électrification jusqu'en 2025 et vise 100% de ventes de véhicules électriques en Europe d'ici 2030.

Malgré ces difficultés, Stellantis reste un acteur majeur de l'industrie automobile, avec 14 marques, environ 300 000 employés dans le monde et un chiffre d'affaires de 179,6 milliards d'euros en 2022. Le groupe continue d'innover, notamment à travers des partenariats stratégiques comme celui conclu avec Amazon pour le développement de logiciels automobiles, ou l'investissement dans la start-up de batteries solid-state Factorial Energy.

L'avenir de Stellantis dépendra de sa capacité à surmonter ces défis et à s'adapter rapidement aux évolutions du marché automobile mondial. La transition vers l'électrique et la nécessité de reconquérir le marché américain seront des enjeux cruciaux pour le successeur de Carlos Tavares.

[[Kevin Farris, président des concessionnaires de Stellantis]]

"Un processus de décision court-termiste et imprudent pour assurer des bénéfices record en 2023, avec des conséquences dévastatrices, pourtant absolument prévisibles."