Élection présidentielle tunisienne : Maghzaoui défie Saïed malgré les obstacles

Zouhair Maghzaoui, candidat à la présidentielle tunisienne, mène une campagne difficile face au président sortant Kaïs Saïed. Le scrutin du 6 octobre se déroule dans un contexte de tensions politiques croissantes.

4 octobre 2024, 05:02  •  0 vues

Élection présidentielle tunisienne : Maghzaoui défie Saïed malgré les obstacles

Dans le paysage politique tunisien, Zouhair Maghzaoui se distingue comme un candidat déterminé à l'élection présidentielle prévue le 6 octobre 2024. Ancien député et leader du parti panarabe Mouvement du peuple, il parcourt le pays pour mobiliser les électeurs, malgré un contexte politique tendu.

Lors d'une visite à Monastir, ville côtière de l'est tunisien et berceau du premier président Habib Bourguiba, Maghzaoui a été confronté aux préoccupations des citoyens. Une femme médecin l'a interpellé sur ses difficultés économiques, illustrant les défis auxquels le pays est confronté. La Tunisie, qui a été le premier pays arabe à abolir l'esclavage en 1846 et à légaliser l'avortement en 1973, fait face aujourd'hui à une crise économique profonde.

Maghzaoui se positionne comme une alternative au président sortant Kaïs Saïed, dont il critique le "processus dictatorial". Il appelle les Tunisiens à se rendre massivement aux urnes pour choisir l'action plutôt que le statu quo. Cette élection intervient dans un pays qui a connu la révolution de 2010-2011, déclenchant le Printemps arabe et conduisant à l'adoption d'une nouvelle constitution en 2014.

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La campagne électorale se déroule dans un climat de peur, selon l'équipe de Maghzaoui. De nombreux soutiens potentiels craignent des représailles post-électorales. De plus, les candidats font face à des restrictions budgétaires strictes, avec un plafond de 150 000 dinars (environ 45 000 euros) pour la campagne.

Le contexte électoral est marqué par des tensions. Sur les trois candidatures initialement validées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), l'un des candidats, Ayachi Zammel, a été arrêté et condamné à douze ans de prison pour "falsification de parrainages". Cette situation rappelle les défis démocratiques auxquels la Tunisie est confrontée, malgré son statut de premier pays arabe à introduire le suffrage universel en 1959.

"Les Tunisiens sont face à un choix : rester dans cette situation absurde dans laquelle se trouve le pays, où il y a beaucoup de discours mais pas de réalisations, ou se présenter aux urnes en masse et choisir l'action"

Zouhair Maghzaoui déclare :

La modification de la loi électorale le 27 septembre 2024, retirant au tribunal administratif la compétence de trancher les contentieux électoraux, a suscité de vives critiques de la part de l'opposition et de la société civile. Cette décision de dernière minute soulève des inquiétudes quant à l'intégrité du processus électoral dans un pays qui a été le premier du Maghreb à signer un accord d'association avec l'UE en 1995.

Malgré ces obstacles, Maghzaoui maintient sa candidature, déterminé à offrir une alternative aux Tunisiens. L'élection du 6 octobre 2024 sera cruciale pour l'avenir de la Tunisie, pays riche d'histoire avec des sites comme Carthage classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, et dont le couscous, plat national, est inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité.