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Orban face à un Parlement européen hostile à Strasbourg

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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affronté de vives critiques lors de sa présentation au Parlement européen. Son isolement politique et ses propositions controversées ont dominé les débats.

Le 9 octobre 2024, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est présenté devant le Parlement européen à Strasbourg pour exposer les priorités de la présidence hongroise du Conseil de l'Union européenne, débutée le 1er juillet. Cette session a été marquée par une atmosphère électrique, rappelant les débats les plus animés de ces dernières années.

Viktor Orban, né le 31 mai 1963 et à la tête du gouvernement hongrois depuis 2010, a fait face à une avalanche de critiques de la part des partis conservateurs, libéraux et de gauche. Malgré cela, il est resté imperturbable, répondant systématiquement à ses détracteurs.

Le Premier ministre hongrois a présenté sa vision pour l'Europe, incluant un pacte de compétitivité et des "plateformes extérieures" pour filtrer les entrées sur le continent. Ces propositions visent à "protéger les Européens de la migration illégale", un sujet qui a été au cœur de sa politique depuis la crise migratoire de 2015, lorsque la Hongrie a construit une clôture le long de sa frontière sud.

Les opposants d'Orban n'ont pas manqué de rappeler ce qu'ils considèrent comme une dérive illibérale et autoritaire depuis 2010. Manfred Weber, chef du Parti populaire européen, a souligné l'isolement politique actuel d'Orban :

"Monsieur Orban, votre présidence actuelle n'est que l'ombre de la précédente. En 2011, vous avez tenu 44 réunions à Budapest et clôturé 103 dossiers. Aujourd'hui, presque personne ne veut venir vous voir et vous n'avez aucune réalisation concrète à votre actif. A l'époque, vous étiez au centre de l'Europe ; aujourd'hui, vous êtes seul !"

Manfred Weber, chef du PPE

Iratxe Garcia, présidente du groupe des sociaux-démocrates, a accusé Orban d'utiliser un "faux patriotisme" pour saper la démocratie, tandis que Valérie Hayer de Renew a qualifié sa vision de "dystopique".

Il convient de noter que la Hongrie, membre de l'UE depuis 2004 et de l'OTAN depuis 1999, a adopté l'euro en 2023. Cependant, les relations entre Budapest et Bruxelles restent tendues, avec plusieurs procédures d'infraction lancées par la Commission européenne pour violation de l'État de droit.

Le moment le plus marquant de la session est venu de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis 2019. Dans un discours mordant, elle a rappelé l'appartenance des Hongrois à la "famille européenne" tout en critiquant sévèrement la politique d'Orban. Cette intervention a laissé le Premier ministre visiblement choqué, lui qui considère que la présidente de la Commission devrait se limiter à être "la gardienne des traités".

Seuls les groupes d'extrême droite, notamment les Patriotes de l'Europe, ont apporté leur soutien à Orban, principalement pour sa position sur l'immigration et la défense des valeurs traditionnelles.

Cette session au Parlement européen, qui compte 705 députés élus au suffrage universel direct, a mis en lumière l'isolement croissant d'Orban sur la scène européenne. Malgré les critiques, le Premier ministre hongrois maintient son cap, déterminé à "changer l'Europe" selon sa vision, qui reste controversée au sein des institutions européennes.