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Mystère autour d'un cas de grippe aviaire H5N1 dans le Missouri

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Un cas inédit de grippe aviaire H5N1 sans contact animal soulève des inquiétudes aux États-Unis. L'enquête épidémiologique suscite des critiques quant à sa transparence et sa réactivité.

Le 22 août 2024, une situation sans précédent a secoué la communauté scientifique américaine : l'hospitalisation dans le Missouri d'une personne infectée par le virus H5N1 de la grippe aviaire, sans contact avéré avec des animaux malades. Ce cas survient dans un contexte d'épizootie touchant les cheptels de vaches laitières aux États-Unis depuis avril 2024, une première mondiale pour cette espèce.

Le H5N1, sous-type du virus de la grippe A, est connu pour sa haute pathogénicité chez les oiseaux. Depuis la première épidémie humaine à Hong Kong en 1997, il a suscité de vives inquiétudes en raison de son taux de mortalité pouvant atteindre 60%. La transmission interhumaine, bien que rare, reste possible, ce qui fait craindre une éventuelle pandémie.

L'enquête épidémiologique menée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) soulève des questions quant à sa transparence et sa réactivité. Les informations communiquées sont parcellaires, avec des mises à jour hebdomadaires sur le site internet de l'agence. On y apprend que des personnes partageant le logement du patient et des soignants ont développé des symptômes grippaux, sans que tous aient été testés.

Thierry Lefrançois, vétérinaire au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, s'interroge :

"Les formulations utilisées me surprennent, comme s'il n'y avait pas de mesure de santé publique prise."

Est-ce un problème de communication ou un vrai manque de réactivité ?

La lenteur des analyses et la communication limitée des CDC suscitent des critiques. Les tests sérologiques, qui permettent de détecter les anticorps spécifiques à l'infection H5N1, ne devraient pas prendre plus d'une journée. Pourtant, les résultats se font attendre depuis des semaines.

Il est crucial de rappeler que le H5N1 peut survivre dans l'environnement pendant plusieurs semaines et que son génome, composé de huit segments d'ARN, est sujet à des mutations pouvant accroître sa transmissibilité entre humains. Les oiseaux migrateurs jouent un rôle important dans sa propagation, et il peut infecter d'autres mammifères comme les chats et les chiens.

Face à cette situation, les experts soulignent l'importance d'une enquête approfondie et transparente. La période d'incubation du virus étant généralement de 3 à 5 jours, il est essentiel d'examiner la sérologie de tous les contacts étroits, même asymptomatiques. Les mesures de biosécurité dans les élevages restent cruciales pour prévenir la propagation du virus.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) surveille de près l'évolution de ce cas, rappelant que le vaccin contre la grippe saisonnière n'offre pas de protection contre le H5N1. La vigilance reste de mise, alors que le monde scientifique attend des réponses plus complètes sur ce cas mystérieux dans le Missouri.