Le 1er octobre 2024, Michel Barnier, ancien négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, a fait son retour à l'Assemblée nationale française après une absence de quinze ans. Ce retour marque un tournant dans sa carrière politique, qui a débuté il y a plus de cinq décennies.
Dans un hémicycle profondément transformé depuis sa dernière apparition en 2009, Barnier a présenté sa "feuille de route" pour les deux ans et demi à venir. L'ancien ministre de l'Agriculture et de la Pêche a constaté une Assemblée nationale plus divisée que jamais depuis l'adoption de la Constitution de la Cinquième République en 1958, avec aucun parti détenant la majorité absolue.
Arborant un ruban rose en soutien à la lutte contre le cancer du sein, le cancer le plus fréquent chez les femmes en France, Barnier a délivré un discours de politique générale d'une heure et vingt-trois minutes. Son allocution a oscillé entre rupture et continuité avec la politique menée par le président Emmanuel Macron depuis 2017.
La rupture la plus notable concerne la méthode de gouvernance. S'inspirant de figures historiques comme Pierre Mendès France, président du Conseil en 1954-1955, et Michel Rocard, Premier ministre de 1988 à 1991 et initiateur du Revenu minimum d'insertion (RMI), Barnier a placé le dialogue et la recherche de compromis au cœur de son approche. Cette stratégie semble être une critique implicite du style de gouvernance souvent perçu comme déconnecté et condescendant des années précédentes.
"Nous avons besoin d'écoute, de respect et de dialogue."
Bien que membre des Républicains, parti traditionnellement opposé à la proportionnelle, Barnier s'est dit ouvert à une réflexion sur ce mode de scrutin. Il faut noter que la proportionnelle intégrale n'a été utilisée qu'une seule fois en France, en 1986, le système actuel étant majoritaire à deux tours.
Le nouveau Premier ministre a également annoncé le retrait du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, territoire français d'outre-mer depuis 1853, qui avait provoqué une crise majeure au printemps 2024. Il s'est engagé à reprendre le dialogue avec le Parlement sur le projet de loi concernant la fin de vie, un sujet controversé en France depuis des décennies, au début de l'année 2025.
Sur la scène internationale, Barnier, fort de son expérience en tant que commissaire européen de 2010 à 2014 et négociateur pour le Brexit de 2016 à 2021, a plaidé pour une approche plus humble. Il a souligné que l'influence ne se décrète pas, mais se construit patiemment, en défendant les intérêts français sans arrogance et en prêtant attention à tous les partenaires.
Ce discours marque un nouveau chapitre dans la carrière de Michel Barnier, né le 9 janvier 1951, qui a déjà occupé des postes clés tels que ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2005. Son retour à l'Assemblée nationale, qui compte 577 députés, intervient dans un contexte politique complexe, avec des partis comme La France insoumise, fondée en 2016, qui représentent de nouvelles forces politiques.
La tâche qui attend Barnier est considérable. Nommé par le Président de la République, il devra naviguer dans une Assemblée divisée, tout en cherchant à mettre en œuvre sa vision d'une gouvernance basée sur le dialogue et le compromis. L'avenir dira si cette approche permettra de surmonter les défis auxquels la France est confrontée.