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L'élevage français face aux défis de l'industrialisation et de la durabilité

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L'élevage traditionnel en France, malgré ses avantages écologiques, fait face à une restructuration forcée. Cette évolution soulève des inquiétudes quant à la durabilité et au bien-être animal.

L'élevage en France, pilier de l'agriculture nationale représentant environ 40% de la valeur de la production agricole, traverse une période de transformation profonde. Bien que la France demeure le premier producteur de bovins en Europe, le secteur fait face à des défis considérables qui remettent en question ses pratiques traditionnelles et son avenir.

Les éleveurs français, hommes et femmes passionnés, jouent un rôle crucial dans le maintien du tissu rural et la préservation de l'environnement. Les prairies permanentes, couvrant environ 30% de la surface agricole utile, contribuent significativement à la biodiversité et au stockage de carbone. En effet, ces espaces peuvent séquestrer jusqu'à 70 tonnes de carbone par hectare, soulignant leur importance écologique.

Cependant, le paysage de l'élevage français subit une restructuration rapide. Au cours de la dernière décennie, le cheptel bovin a diminué de 10,6%, tandis que le nombre d'exploitations est passé de près de 200 000 à 143 000. Cette évolution s'accompagne d'une concentration inquiétante de la production dans des fermes de plus en plus grandes. Le nombre de têtes par exploitation a augmenté de 22% pour les vaches allaitantes et de 30% pour les laitières, reflétant une tendance à l'intensification.

Cette transformation pose des défis majeurs pour la nouvelle génération d'agriculteurs. Avec un coût moyen d'installation d'environ 200 000 euros pour un jeune agriculteur, l'accès à la profession devient de plus en plus difficile. Cette barrière financière, combinée à l'âge moyen élevé des agriculteurs français (environ 52 ans), soulève des inquiétudes quant au renouvellement des générations dans le secteur.

L'intensification de l'élevage soulève également des préoccupations sanitaires et environnementales. Les systèmes intensifs, caractérisés par de fortes densités d'animaux et un accès limité à l'extérieur, augmentent les risques d'épizooties telles que l'influenza aviaire ou la fièvre catarrhale ovine. Ces pratiques industrielles menacent non seulement le bien-être animal, une préoccupation majeure pour 85% des consommateurs français, mais aussi la résilience de l'ensemble du secteur.

Par ailleurs, l'intensification entraîne une diminution des prairies au profit des cultures céréalières, modifiant profondément le paysage agricole français. Cette évolution s'accompagne d'une augmentation des importations de soja, la France important environ 3 millions de tonnes par an pour l'alimentation animale. Ce phénomène remet en question la durabilité et l'autonomie du modèle d'élevage intensif.

Face à ces défis, des alternatives plus durables gagnent en importance. L'agriculture biologique, représentant environ 10% des exploitations agricoles françaises, connaît une croissance significative. La production de lait biologique, par exemple, a augmenté de 150% entre 2010 et 2020. De même, le pastoralisme, pratiqué par environ 60 000 exploitations, et la polyculture-élevage, représentant 20% des exploitations, offrent des modèles plus respectueux de l'environnement et du bien-être animal.

"Notre métier n'est pas seulement de produire, mais de préserver. Chaque jour, nous travaillons pour nourrir la population tout en prenant soin de nos terres et de nos animaux. C'est un équilibre délicat, mais essentiel pour l'avenir de notre agriculture."

Un éleveur traditionnel témoigne

Malgré ces initiatives positives, l'élevage français se trouve à un carrefour. La diminution de 12% de la consommation de viande depuis 2007 et la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux poussent le secteur à se réinventer. L'élevage contribue à environ 14% des émissions de gaz à effet de serre en France, un chiffre qui souligne l'urgence d'une transition vers des pratiques plus durables.

En conclusion, l'avenir de l'élevage français dépendra de sa capacité à concilier productivité, durabilité et bien-être animal. Les modèles traditionnels et écologiques, tels que l'élevage herbager pâturant et le pastoralisme, offrent des pistes prometteuses pour relever ces défis. Cependant, une volonté politique forte et un soutien adapté seront nécessaires pour faciliter cette transition et assurer la pérennité d'un secteur vital pour l'économie et l'identité rurales françaises.