Nouvelle configuration à l'Assemblée : défis pour Barnier

L'Assemblée nationale française entame sa session avec une nouvelle configuration. Michel Barnier fait face à des défis majeurs, notamment un soutien limité et des contraintes budgétaires imminentes.

1 octobre 2024, 05:07  •  0 vues

Nouvelle configuration à l'Assemblée : défis pour Barnier

L'Assemblée nationale française, institution fondée en 1789 durant la Révolution, s'apprête à vivre une session parlementaire inédite. Ce mardi 1er octobre 2024, les députés élus il y a près de trois mois prendront place dans l'hémicycle du Palais Bourbon, édifice emblématique du 18e siècle, pour la première fois selon leur nouvelle configuration.

Cette séance marquera un tournant significatif dans l'histoire récente de la Ve République, établie en 1958 sous Charles de Gaulle. Le camp macroniste, autrefois dominant avec 360 députés en 2017, se retrouve désormais confiné à 165 sièges sur les 577 que compte l'hémicycle. Cette réduction drastique place le groupe Renaissance, héritier de La République En Marche fondée en 2016, dans une position délicate entre la gauche et l'extrême droite.

Michel Barnier, ancien négociateur en chef de l'UE pour le Brexit de 2016 à 2021 et actuel Premier ministre, fera sa déclaration de politique générale dans ce contexte complexe. Nommé par le Président de la République, Barnier fait face à des défis considérables. Son gouvernement ne bénéficie théoriquement que du soutien d'un tiers des députés, limitant considérablement ses marges de manœuvre.

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Face à cette situation précaire, Matignon a annoncé que Barnier ne se soumettra pas à un vote de confiance, une pratique non obligatoire en France contrairement à d'autres pays. Cette décision souligne la fragilité de sa position et la nécessité de naviguer prudemment dans les eaux tumultueuses de la politique française.

Le défi le plus immédiat pour le gouvernement Barnier sera le vote des lois de finances avant le 31 décembre 2024. Ce processus, crucial pour déterminer les ressources et les charges de l'État pour l'année à venir, risque d'exacerber les tensions politiques. Le recours répété à l'article 49.3 de la Constitution, introduit en 1958 et permettant l'adoption de textes sans vote, semble inévitable mais pourrait accroître les frustrations.

Guillaume Gouffier-Valente, député Renaissance du Val-de-Marne, département créé en 1968, exprime cette inquiétude :

"Michel Barnier n'a pas de majorité. Qu'il se concentre déjà sur le budget et qu'il rappelle à ses trente-huit ministres qu'il n'y en a pas un seul qui est en capacité aujourd'hui de lancer des réformes."

Guillaume Gouffier-Valente, député Renaissance du Val-de-Marne

Le soutien du bloc central au gouvernement Barnier est incertain. Les députés macronistes, partisans d'Emmanuel Macron, sont tiraillés entre leur désir de stabilité et leur mécontentement face à la ligne droitière du gouvernement, incarnée notamment par Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.

Marie Lebec, députée Renaissance des Yvelines, résume ce dilemme : "Dans le groupe, personne n'a dans son âme l'envie de faire tomber Michel Barnier mais personne n'a envie de le soutenir."

Le Mouvement démocrate (MoDem), fondé en 2007 par François Bayrou, ajoute une couche de complexité à cette situation. Lors d'une réunion à Guidel, commune du Morbihan, Marc Fesneau, président du groupe MoDem, a déclaré : "Nous n'accepterons plus d'être les vassaux de qui que ce soit." Cette affirmation d'indépendance pourrait compliquer davantage la tâche du gouvernement Barnier.

Alors que la session ordinaire du Parlement français débute en ce premier jour ouvrable d'octobre, l'avenir politique reste incertain. L'Assemblée nationale, dotée du pouvoir de renverser le gouvernement, pourrait jouer un rôle crucial dans les mois à venir. La capacité de Michel Barnier à naviguer dans ce paysage politique fragmenté déterminera le succès de son mandat et la stabilité du gouvernement français.