Tensions au Proche-Orient : Israël et l'Iran au bord du précipice

L'affaiblissement du Hezbollah modifie l'équilibre régional, plaçant Israël et l'Iran dans une situation précaire. Les enjeux militaires et économiques s'entremêlent, augmentant le risque d'un conflit élargi.

1 octobre 2024, 05:06  •  0 vues

Tensions au Proche-Orient : Israël et l'Iran au bord du précipice

La situation au Proche-Orient semble s'acheminer vers une escalade potentiellement dangereuse, avec Israël et l'Iran comme acteurs principaux de cette dynamique complexe. L'évolution récente des capacités militaires du Hezbollah a considérablement modifié l'équilibre régional, remettant en question les stratégies établies depuis près de deux décennies.

Depuis sa création en 1985, le Hezbollah s'est positionné comme un acteur majeur dans la région. Cependant, au cours de l'année écoulée, l'organisation a subi des revers significatifs. Sans déployer de troupes au sol, Israël est parvenu à affaiblir considérablement les capacités opérationnelles du groupe chiite libanais. La direction centrale du Hezbollah a été décimée, et une grande partie de ses cadres intermédiaires ont été neutralisés ou blessés, notamment suite à l'explosion de leurs systèmes de communication.

Cette situation a eu des répercussions importantes sur la stratégie régionale de l'Iran. Depuis la guerre du Liban de 2006, qui avait duré 34 jours, le Hezbollah s'était efforcé de développer une capacité de dissuasion conventionnelle face à Israël, seule puissance nucléaire de la région. Cette stratégie visait indirectement à protéger le programme nucléaire iranien, initié dans les années 1950, contre d'éventuelles frappes israéliennes similaires à celles menées en Irak en 1981 et en Syrie en 2007.

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Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant, avec l'implication du Hezbollah dans le conflit en cours. L'organisation a lancé des roquettes sur le nord d'Israël, forçant l'évacuation de plus de 80 000 Israéliens et mobilisant deux brigades de Tsahal loin de Gaza. Cette action a cependant eu un coût élevé pour le Hezbollah, qui a épuisé une partie significative de son arsenal, dont l'utilité tactique résidait dans sa capacité à saturer le système de défense antimissile israélien Dôme de fer, opérationnel depuis 2011.

En réponse, Israël a mené plus de 4 500 frappes aériennes dans la zone frontalière en onze mois, contraignant près de 100 000 Libanais à quitter leurs foyers. Le Hezbollah a riposté en menaçant des infrastructures critiques israéliennes, notamment les installations pétrochimiques de Haïfa, troisième plus grande ville d'Israël et important centre industriel. L'organisation a même réussi à frapper le quartier général du Mossad à Tel-Aviv, centre économique et technologique du pays.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, nommé en décembre 2022, se trouve face à un dilemme stratégique complexe. Avec une armée de 170 000 soldats et 360 000 réservistes, Israël doit gérer simultanément plusieurs fronts : le démantèlement des capacités militaires du Hamas à Gaza, le maintien de l'occupation en Cisjordanie (territoire occupé depuis 1967), la neutralisation des menaces venant de Syrie et du Yémen, tout en contenant le Hezbollah au nord.

L'option d'une offensive terrestre au Liban, pays partageant une frontière de 79 km avec Israël, a longtemps été considérée comme trop coûteuse en vies humaines et en ressources, surtout après des mois d'opérations à Gaza. De plus, le coût économique de la mobilisation prolongée des réservistes pèse lourdement sur l'économie israélienne, déjà fragilisée comme en témoigne la récente dégradation de la note du pays par l'agence Moody's.

"Le dilemme était délicat : avec une armée de 170 000 soldats, auxquels s'ajoutent 360 000 réservistes, comment gérer simultanément le démantèlement des capacités militaires du Hamas, maintenir une occupation en Cisjordanie, contrer les menaces venues de Syrie et du Yémen, tout en repoussant le Hezbollah ?"

Yoav Gallant, ministre israélien de la défense

Cette situation précaire illustre la complexité des enjeux au Proche-Orient, où les considérations militaires, stratégiques et économiques s'entremêlent, augmentant le risque d'un conflit régional élargi. L'équilibre fragile entre Israël et l'Iran, ainsi que leurs alliés respectifs, reste au cœur des préoccupations internationales, alors que la région continue de naviguer dans des eaux troubles.