Dominique Meurs, codirectrice du projet « Travail » au Cepremap et chercheuse associée à l'INED, a récemment publié un ouvrage intitulé "Les Entreprises et l'égalité femmes-hommes". Ce livre, nommé au prix Penser le travail 2024, offre une analyse approfondie des efforts des entreprises françaises en matière d'égalité professionnelle.
L'ouvrage de Meurs se distingue par son approche novatrice, établissant un pont entre la recherche académique et le monde de l'entreprise. Il met en lumière le rôle crucial que les entreprises peuvent jouer, non seulement en interne, mais aussi pour faire évoluer la société dans son ensemble.
Un exemple marquant est l'initiative de L'Oréal, qui a instauré un congé paternité rémunéré bien avant la législation nationale. Cette démarche proactive illustre comment les entreprises peuvent être des moteurs de changement social. Il est intéressant de noter qu'en France, le congé paternité obligatoire de 25 jours n'a été instauré qu'en 2021.
Meurs souligne également l'importance de lutter contre les ségrégations professionnelles. En effet, les femmes sont souvent concentrées dans des métiers moins bien rémunérés. Par exemple, elles représentent 90% des aides-soignants et 66% des enseignants, mais seulement 25% des ingénieurs. Cette répartition inégale contribue à l'écart salarial persistant entre hommes et femmes, qui était de 15,8% en 2021.
Pour combattre ces disparités, Meurs propose plusieurs stratégies :
- Sensibiliser dès l'école aux débouchés professionnels pour les deux genres
- Améliorer les conditions de travail dans les secteurs à prédominance féminine
- Mettre en place des procédures de promotion transparentes, comme le job posting
- Encourager le mentoring pour inciter les femmes à postuler à des postes à responsabilité
Ces initiatives sont cruciales pour briser le "plafond de verre", un concept introduit en 1986 qui désigne les barrières invisibles empêchant les femmes d'accéder aux postes les plus élevés.
Il est encourageant de constater que des progrès ont été réalisés. Par exemple, la part des femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises françaises est passée de 10% en 2009 à 45% en 2023, grâce notamment à la loi Copé-Zimmermann de 2011 imposant des quotas.
Cependant, des défis persistent. Les femmes ne représentent que 43% des postes de cadres en 2023, et l'écart de pension de retraite entre hommes et femmes atteint 40%. De plus, 82% des temps partiels sont occupés par des femmes, ce qui impacte leur progression de carrière et leur rémunération.
L'ouvrage de Meurs souligne l'importance d'une approche globale pour atteindre l'égalité professionnelle. Les entreprises ont un rôle clé à jouer, mais cela nécessite également des changements sociétaux plus larges, comme une meilleure répartition des tâches domestiques et familiales.
En conclusion, bien que des progrès significatifs aient été réalisés, le chemin vers une véritable égalité professionnelle reste long. L'engagement continu des entreprises, couplé à des politiques publiques efficaces, sera essentiel pour relever ce défi majeur de notre société.