Un an après l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, la société israélienne demeure profondément marquée par la peur et l'incertitude. Au marché Mahane Yehuda de Jérusalem-Ouest, emblématique lieu de vie, une scène inhabituelle se déroule : des soldats en permission, vêtus en civil mais armés, se mêlent à la foule.
Ces hommes, membres de la 98e division, reviennent tout juste de Gaza après plus de six mois d'opérations. Leur présence au marché illustre la nouvelle réalité d'Israël, où la frontière entre vie civile et militaire s'est estompée.
Parmi eux, Yanay Cohen, 49 ans, ancien guide touristique devenu soldat. Son parcours incarne le bouleversement vécu par de nombreux Israéliens. Expert en histoire de Jérusalem, il se retrouve aujourd'hui en première ligne du conflit. "Je pense que j'ai attendu ce moment toute ma vie. Enfin, je l'ai redouté, plutôt. On vit sur un volcan", confie-t-il.
Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant pour Israël. Face aux images des atrocités commises par le Hamas, de nombreux civils comme Yanay ont pris les armes. Cette mobilisation spontanée témoigne de l'ampleur du choc et de la perception d'une menace existentielle.
"Le 7-Octobre nous a fait repasser en mode survie"
Le traumatisme collectif se manifeste à travers le pays. À l'entrée du kibboutz de Rosh Hanikra, un rond-point mémoriel rappelle les événements tragiques. À Beersheba, la vie quotidienne reste marquée par l'omniprésence militaire.
La société israélienne, connue pour sa résilience, fait face à un défi sans précédent. Le trouble de stress post-traumatique (PTSD) touche de nombreux soldats et civils. La question du "niveau de PTSD acceptable" soulevée par Yanay révèle la normalisation inquiétante de cet état de stress permanent.
L'impact sur l'économie est également significatif. Israël, leader mondial en matière de startups par habitant, voit son secteur technologique perturbé. La mobilisation massive affecte tous les secteurs, de la médecine à la high-tech.
La sécurité, autrefois considérée comme acquise grâce à des systèmes comme l'Iron Dome, est remise en question. La proximité géographique avec des zones de conflit, comme la frontière libanaise à Rosh Hanikra, rappelle constamment la fragilité de la paix.
Malgré ces défis, la vie continue. Dans les cafés de Jérusalem, soldats et civils se côtoient, symbole d'une société qui tente de maintenir une apparence de normalité. Cependant, les conversations sont dominées par la guerre, signe que le retour à la vie d'avant reste un horizon lointain.
Un an après le 7 octobre, Israël se trouve à un carrefour. Entre résilience et traumatisme, entre détermination et fatigue, la société israélienne cherche un nouvel équilibre dans un contexte géopolitique toujours instable.