La couverture médiatique de Gaza : un défi mortel pour les journalistes

Face aux dangers croissants à Gaza, les médias s'adaptent pour informer. RSF alerte sur le nombre alarmant de journalistes tués, tandis que les rédactions innovent pour maintenir la couverture du conflit.

7 octobre 2024, 07:54  •  29 vues

La couverture médiatique de Gaza : un défi mortel pour les journalistes

Dans un contexte de plus en plus périlleux, les journalistes à Gaza font face à des risques sans précédent pour couvrir le conflit israélo-palestinien. Reporters sans frontières (RSF), une organisation fondée en 1985 à Montpellier, a récemment organisé une manifestation poignante à Paris pour attirer l'attention sur cette situation alarmante.

Le 26 septembre 2024, une trentaine de membres de RSF se sont rassemblés sur le parvis des Droits-de-l'Homme, arborant des gilets presse maculés de faux sang. Leur message était clair : "Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza, il n'y aura bientôt plus personne pour vous informer." Cette action symbolique souligne la gravité de la situation dans l'une des zones les plus densément peuplées au monde, où le journalisme est considéré comme l'un des métiers les plus dangereux.

Selon RSF, 139 journalistes ont perdu la vie depuis les attaques du 7 octobre 2023, principalement dans des frappes israéliennes. Le Committee to Protect Journalists (CPJ), fondé en 1981 à New York, rapporte un chiffre légèrement inférieur de 127 victimes. Ces statistiques alarmantes reflètent les dangers auxquels sont confrontés les professionnels de l'information dans une région où la liberté de la presse est sévèrement limitée par le Hamas et Israël.

Face à ces défis, les médias internationaux ont dû s'adapter. L'accès à Gaza étant devenu extrêmement restreint, les rédactions ont développé de nouvelles stratégies pour maintenir le flux d'information. L'utilisation de correspondants locaux et la collaboration avec des journalistes gazaouis sont devenues essentielles.

Martine Laroche-Joubert, une grande reporter, a souligné la difficulté de vérifier les sources dans ce contexte. Pour son documentaire diffusé sur M6 le 15 septembre 2024, elle a fait appel à Shrouq Al Aila, veuve d'un journaliste tué en octobre 2023. Cette approche illustre l'importance croissante du journalisme citoyen à Gaza, où la moyenne d'âge est d'environ 18 ans, l'une des plus basses au monde.

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L'émission "Arte reportage" a adopté une approche similaire en utilisant des vidéos envoyées par Rami Abou Jamous, un journaliste gazaoui. À travers un groupe WhatsApp, une application lancée en 2009, Rami a partagé son quotidien et celui de son fils avec 160 journalistes francophones. Cette méthode innovante permet de documenter la réalité sur le terrain, où plus de 95% de l'eau n'est pas potable selon l'OMS et où l'accès à l'électricité est souvent limité à quelques heures par jour.

"Rami travaille avec Arte depuis de longues années, ainsi qu'avec France 2. Avant le 7-Octobre, il nous sensibilisait à une multitude de sujets par ce canal. Il a continué, tout en y mêlant un peu de sa vie privée, pour que nous documentions les faits."

Nathalie Georges, journaliste d'Arte

France 2 prépare également un sujet mettant en vedette Rami et son fils, prévu pour le 7 octobre 2024, un an jour pour jour après les attaques qui ont déclenché l'escalade actuelle du conflit.

Cette adaptation des médias souligne la résilience et l'ingéniosité des journalistes face à une situation où plus de 70% de la population dépend de l'aide humanitaire et où le taux de chômage dépasse 50%. Malgré ces défis, les professionnels de l'information continuent de jouer un rôle crucial dans la documentation d'un conflit qui dure depuis plus de 70 ans, dans une région dont l'histoire remonte à plus de 3000 ans.