Le Bus du cœur : une initiative vitale pour la santé cardiovasculaire des femmes

Le Bus du cœur des femmes, une initiative innovante lancée en 2021, continue de sillonner la France, offrant des examens cardio-vasculaires gratuits aux femmes. Cette démarche s'avère cruciale, car les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes dans le monde.

Le 19 septembre 2024, lors de sa 48ème étape à Béthune, dans le Pas-de-Calais, le bus a accueilli Pascale Ngah Noa, une Camerounaise de 44 ans. Son témoignage émouvant souligne l'importance de cette initiative : "J'ai été reçue par des gens tellement à l'écoute, je me suis sentie respectée !" Cette expérience positive reflète l'approche bienveillante adoptée par l'équipe du bus.

Depuis son lancement, le Bus du cœur des femmes a déjà bénéficié à treize mille cinq cents femmes. Durant chaque étape de trois jours, environ trois cents femmes suivent un parcours de dépistage complet, incluant un électrocardiogramme et, si nécessaire, un écho-Doppler.

Claire Mounier-Vehier, professeure de cardiologie au CHU de Lille et cofondatrice de la fondation Agir pour le cœur des femmes, s'inquiète des résultats obtenus : "Quatre-vingt-dix pour cent des femmes dépistées dans notre bus ont deux facteurs de vulnérabilité, à savoir l'hypertension, les risques liés au tabac, au surpoids ou au diabète." Il est important de noter que l'hypertension artérielle touche environ 30% des femmes adultes en France, tandis que le tabagisme double le risque de crise cardiaque chez les femmes.

La cardiologue souligne également un problème majeur : la méconnaissance des symptômes spécifiques de l'infarctus chez les femmes. Contrairement aux hommes, les femmes peuvent présenter des symptômes moins évidents, tels que des nausées, des douleurs au dos ou à la mâchoire. Cette différence peut conduire à des erreurs de diagnostic, les femmes ayant 50% plus de chances que les hommes d'être mal diagnostiquées lors d'une crise cardiaque.

Les données recueillies par le bus révèlent des statistiques alarmantes. Thierry Drilhon, cofondateur de l'association, rapporte : "Quatre-vingt-un pour cent des femmes s'occupent davantage de la santé de leurs proches que de la leur. Et moins d'un tiers d'entre elles écoutent les signes de leurs corps." Cette tendance à négliger sa propre santé est illustrée par le témoignage de Nathalie Pruvost, 60 ans, qui avoue n'avoir jamais consulté de cardiologue avant la venue du bus.

Il est crucial de sensibiliser les femmes aux risques spécifiques liés à leur santé cardiovasculaire. Par exemple, la ménopause peut augmenter le risque de maladies cardiaques, et les femmes ont tendance à développer des maladies coronariennes 7 à 10 ans plus tard que les hommes. De plus, certaines conditions spécifiques aux femmes, comme la prééclampsie pendant la grossesse ou le syndrome des ovaires polykystiques, augmentent le risque futur de maladie cardiovasculaire.

"Quand une femme s'effondre dans la rue, on pense immédiatement à un malaise vagal. Mais, quand c'est un homme, on a tout de suite le réflexe de lui faire un massage cardiaque"

Cette initiative du Bus du cœur des femmes met en lumière l'importance cruciale de la prévention et du dépistage précoce des maladies cardiovasculaires chez les femmes. En offrant des examens gratuits et en sensibilisant le public, elle contribue à combler une lacune importante dans la santé publique française.