Le conflit à Gaza a atteint un seuil tragique avec plus de 40 000 morts selon les autorités gazaouies. Ce bilan, établi par le ministère de la santé du Hamas, suscite des débats intenses sur sa fiabilité et son exactitude.
Pour établir ce décompte, le ministère s'appuie sur un réseau complexe de sources. Les hôpitaux enregistrent les victimes dans un système informatisé, tandis qu'une unité spéciale de cinq employés vérifie et centralise les données. Face aux destructions d'infrastructures médicales, le ministère a dû s'adapter en utilisant des sources alternatives comme les premiers secours et un formulaire de signalement en ligne.
La publication en septembre 2024 d'une liste nominative de 34 344 victimes a marqué une avancée significative en termes de transparence. Le professeur Mike Spagat, expert en conflits armés, a salué cette initiative comme "une amélioration significative dans la précision et la qualité des rapports".
Cependant, les autorités israéliennes et américaines ont exprimé leur scepticisme. Le président Joe Biden a déclaré en octobre 2023 n'avoir "aucune confiance dans les chiffres utilisés par les Palestiniens". Cette déclaration a eu un impact considérable, comme l'explique Emily Tripp d'Airwars :
"La déclaration de Biden a eu un effet domino poussant le scepticisme dans les médias et les décideurs politiques, tout en déshumanisant les victimes palestiniennes, qui, au même moment, étaient probablement tués dans leurs maisons."
Malgré ces critiques, de nombreuses organisations internationales et experts indépendants considèrent les chiffres comme globalement fiables. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU affirme que leurs propres bilans sont "très proches" de ceux du ministère palestinien. Des analyses indépendantes, comme celle de l'université Johns-Hopkins, n'ont trouvé "aucune preuve d'une surmortalité gonflée".
La situation actuelle à Gaza complique néanmoins la vérification des données. Selon l'OMS, seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza sont partiellement opérationnels. Cette dégradation sanitaire pourrait entraîner des décès indirects difficiles à comptabiliser. Une étude publiée dans The Lancet estime que le conflit pourrait causer jusqu'à 186 000 morts palestiniens, soit 7,9% de la population de Gaza.
Face à ces défis, la communauté internationale reste vigilante. L'université d'Uppsala, à travers sa base de données sur les conflits armés, a identifié plus de 30 000 morts à Gaza entre octobre 2023 et mai 2024, corroborant les chiffres officiels. Cependant, comme le souligne le chercheur Mark Zlochin, "il n'existe aucun moyen de vérifier le nombre de morts pour lesquelles le ministère ne dispose pas d'informations complètes".
Alors que le conflit se poursuit, la quête de vérité sur le bilan humain à Gaza reste un enjeu crucial pour comprendre l'ampleur de cette tragédie et y apporter une réponse humanitaire adéquate.