Humberto Ortega, figure emblématique du sandinisme nicaraguayen, est décédé le 30 septembre 2024 à Managua, à l'âge de 77 ans. Son décès marque la fin d'une époque pour le Nicaragua, pays d'Amérique centrale dont l'histoire récente est intimement liée à celle des frères Ortega.
Né le 10 janvier 1947 à Juigalpa, Humberto Ortega a joué un rôle crucial dans la lutte contre la dictature des Somoza, qui a régné sur le Nicaragua de 1936 à 1979. Avec ses frères Daniel et Camilo, il s'est engagé dès son adolescence dans le militantisme au sein du Front sandiniste de libération nationale (FSLN), fondé en 1961 et inspiré par l'héritage d'Augusto César Sandino.
La vie d'Humberto Ortega a été marquée par de nombreux sacrifices pour la cause révolutionnaire. En 1967, il a été emprisonné pour la première fois après une tentative d'attentat contre le dictateur Anastasio Somoza Debayle. Deux ans plus tard, en 1969, il a été gravement blessé lors d'une opération au Costa Rica, perdant la mobilité de ses mains et subissant un second emprisonnement.
Après le triomphe de la révolution sandiniste en 1979, Humberto Ortega a occupé le poste de ministre de la Défense jusqu'en 1995, jouant un rôle clé dans la restructuration des forces armées nicaraguayennes. Cette période a été marquée par une guerre civile sanglante qui a duré de 1982 à 1990, opposant les sandinistes aux "Contras" soutenus par les États-Unis.
Le parcours d'Humberto Ortega illustre les défis auxquels le Nicaragua a été confronté au fil des décennies. Le pays, le plus grand d'Amérique centrale en termes de superficie, a connu des périodes de turbulence politique et économique. Malgré une croissance économique moyenne de 4% par an entre 2010 et 2020, le Nicaragua reste confronté à des défis majeurs, notamment un taux d'alphabétisation d'environ 82% et des problèmes environnementaux tels que la déforestation.
Les derniers mois de la vie d'Humberto Ortega ont été marqués par des tensions avec son frère Daniel, actuel président du Nicaragua. Après avoir critiqué la "dictature" mise en place par ce dernier lors d'une interview en mai 2024, Humberto a été assigné à résidence. Cette situation reflète les divisions au sein du mouvement sandiniste et les préoccupations concernant l'état de la démocratie dans le pays.
Le décès d'Humberto Ortega survient dans un contexte de tensions politiques accrues au Nicaragua. Depuis les manifestations massives de 2018, le gouvernement de Daniel Ortega a fait l'objet de critiques internationales pour sa répression de l'opposition. Les relations du pays avec les États-Unis se sont détériorées, tandis que le Nicaragua s'est rapproché de pays comme la Chine, rompant ses relations diplomatiques avec Taïwan en 2021.
L'héritage d'Humberto Ortega reste complexe. Bien qu'il ait joué un rôle crucial dans la lutte contre la dictature des Somoza et dans la formation du Nicaragua moderne, ses dernières années ont été marquées par une rupture avec le régime de son frère. Son décès marque la fin d'une ère pour le sandinisme nicaraguayen et soulève des questions sur l'avenir politique du pays.
"Nous rappelons l'apport stratégique du général Ortega en tant que militant sandiniste depuis son adolescence, son courage lors d'actions militaires (…), ses écrits, plateformes, théories insurrectionnelles et historiques"
Alors que le Nicaragua continue de faire face à des défis économiques, politiques et environnementaux, le décès d'Humberto Ortega rappelle l'importance de réfléchir à l'héritage du sandinisme et à l'avenir du pays. Le Nicaragua, avec ses richesses naturelles comme le lac Nicaragua et le volcan Momotombo, a le potentiel de surmonter ses difficultés actuelles, mais cela nécessitera un engagement renouvelé en faveur de la démocratie et du développement durable.