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Débat sur les centres de migrants hors UE : la France ouverte mais prudente

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Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, se montre ouvert à l'idée de centres pour migrants illégaux hors UE, tout en soulignant les limites constitutionnelles. Cette proposition s'inscrit dans un contexte de durcissement des politiques migratoires européennes.

Dans un contexte de durcissement des politiques migratoires en Europe, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé une position ouverte mais prudente concernant la proposition de créer des centres de transfert pour migrants illégaux en dehors de l'Union européenne (UE). Cette déclaration a été faite lors d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Luxembourg, le 10 octobre 2024.

Bruno Retailleau a déclaré : « Toutes les solutions innovantes doivent être utilisées ». Cependant, il a précisé que cette mesure ne pourrait pas s'appliquer aux demandeurs d'asile en France, en raison de l'ordre constitutionnel. Cette proposition s'inspire de l'accord controversé conclu entre l'Italie et l'Albanie, ainsi que du projet abandonné du Royaume-Uni d'expulser des migrants vers le Rwanda.

La discussion sur ces "hubs de retour" illustre la tendance actuelle au sein de l'UE vers des politiques migratoires plus strictes. Cette évolution s'inscrit dans un contexte historique complexe, marqué par plusieurs événements clés :

  • La création de l'espace Schengen en 1995, permettant la libre circulation entre pays membres.
  • L'établissement du Règlement de Dublin en 2003, déterminant l'État responsable d'une demande d'asile.
  • La crise migratoire européenne qui a atteint son apogée en 2015.
  • L'accord UE-Turquie de 2016 visant à réduire les flux migratoires vers l'Europe.

Le ministre français a également plaidé pour une révision de la "directive retour" de 2008, affirmant qu'elle rend les retours de migrants « quasiment impossibles ». Cette demande s'aligne sur la position de plusieurs autres pays européens, dont les Pays-Bas et l'Autriche, qui cherchent à « faciliter » et « accélérer » les retours.

Il est important de noter que ces discussions s'inscrivent dans un cadre juridique complexe, incluant :

  • La Convention de Genève de 1951 définissant le statut de réfugié.
  • La Charte des droits fondamentaux de l'UE garantissant le droit d'asile.
  • La Convention européenne des droits de l'homme interdisant les expulsions collectives.

Malgré l'adoption récente du pacte sur la migration et l'asile en mai 2024, de nombreux États membres poussent déjà pour aller plus loin. Bruno Retailleau a notamment demandé une mise en œuvre anticipée de ce pacte, dont l'entrée en vigueur est prévue pour mi-2026.

Les statistiques Eurostat pour 2023 révèlent l'ampleur du défi : sur 484 160 ressortissants de pays tiers ayant reçu l'ordre de quitter l'UE, seuls 91 465 (18,9 %) ont fait l'objet d'un retour effectif. Ces chiffres soulignent la complexité de la gestion des flux migratoires et l'urgence ressentie par de nombreux pays européens de trouver des solutions efficaces.

« N'écart[e] aucune solution a priori »

Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur

Alors que le débat se poursuit, il est crucial de trouver un équilibre entre le contrôle des frontières et le respect des droits humains, conformément aux valeurs fondamentales de l'Union européenne.