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Alpine F1 : fin de l'ère des moteurs maison à Viry-Châtillon

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Renault annonce l'arrêt du développement des moteurs F1 à Viry-Châtillon dès 2026, malgré les protestations des employés. Cette décision marque la fin d'une époque pour l'ingénierie française en Formule 1.

La Formule 1, créée en 1950, connaît un nouveau tournant pour l'écurie française Alpine. Le 30 septembre 2024, une annonce a secoué le monde de la course automobile : le site Renault de Viry-Châtillon cessera de développer des moteurs de F1 à partir de 2026.

Cette décision intervient malgré les efforts acharnés des ingénieurs et techniciens du site. Leur mobilisation a été remarquable, allant jusqu'à manifester lors du Grand Prix d'Italie à Monza le 1er septembre 2024. Ils ont même obtenu une audience avec Luca de Meo, le PDG de Renault depuis 2020, dans l'espoir de sauvegarder leur expertise.

Le centre de Viry-Châtillon, situé dans l'Essonne, a une histoire riche en innovations. Depuis 1977, l'équipe Renault-Alpine a accumulé douze titres de champion du monde. C'est ici que le turbocompresseur, introduit en F1 par Renault en 1977, a été développé, contribuant à la réduction des émissions de CO2 dans l'industrie automobile.

La décision de Renault s'inscrit dans un contexte économique complexe. Le développement annuel d'un moteur F1 coûte environ 120 millions d'euros, tandis que l'achat d'un moteur revient à 17 millions d'euros. Cette différence significative a pesé lourd dans la balance, malgré le plafond budgétaire introduit par la FIA en 2021.

Le Comité Social et Économique (CSE) s'est opposé au projet de transformation du site en "centre d'excellence en ingénierie et haute technologie" proposé par la direction d'Alpine. Bien que la direction promette de maintenir les emplois et une activité de veille technologique sur la F1, les représentants des salariés craignent un "aller sans retour".

Cette décision aura des répercussions au-delà de Viry-Châtillon. Près de 300 partenaires techniques d'Alpine F1, dont Airbus et Safran, pourraient être affectés. Ces entreprises, leaders dans l'aérospatiale et la défense, ont bénéficié des retombées technologiques de la F1.

"Un nouveau moteur Alpine, prometteur, était en cours de test. Depuis 1977, l'équipe Renault-Alpine a remporté douze titres de champion du monde et le centre de Viry-Châtillon restera dans l'histoire comme celui qui a mis au point notamment le turbo-compresseur automobile."

Un porte-parole des salariés explique

L'avenir d'Alpine F1 reste incertain. L'équipe, actuellement neuvième sur dix au championnat, pourrait se tourner vers d'autres fournisseurs de moteurs. Toto Wolff, à la tête de Mercedes F1 depuis 2013, s'est dit ouvert à fournir des moteurs à Alpine à partir de 2026.

Cette décision marque la fin d'une ère pour l'ingénierie française en F1. Alors que la F1 vise la neutralité carbone d'ici 2030, le savoir-faire de Viry-Châtillon en matière de moteurs hybrides, introduits en F1 en 2009, aurait pu être un atout précieux. Le dernier titre mondial de Renault en F1 remonte à 2006 avec Fernando Alonso, et l'espoir d'un renouveau s'éloigne avec cette annonce.

Nicolette Mathieu

Affaires