Tensions à la frontière : Israël hisse son drapeau dans un village libanais

Des soldats israéliens ont brièvement planté leur drapeau à Maroun Al-Ras, village libanais frontalier, marquant une escalade symbolique. Cette action s'inscrit dans le cadre d'une offensive plus large dans le sud du Liban.

9 octobre 2024, 08:39  •  0 vues

Tensions à la frontière : Israël hisse son drapeau dans un village libanais

Le 8 octobre 2024, une scène hautement symbolique s'est déroulée dans le village frontalier de Maroun Al-Ras, au sud du Liban. Des soldats israéliens y ont brièvement hissé le drapeau à l'étoile de David, marquant la première revendication de victoire depuis le début de l'offensive terrestre israélienne dans la région, lancée le 30 septembre.

Maroun Al-Ras, perché à 900 mètres d'altitude, occupe une position stratégique avec une vue directe sur la localité israélienne d'Avivim, distante de moins d'un kilomètre. Ce village revêt une importance historique particulière dans le conflit israélo-libanais. En 2000, il fut le dernier à être évacué par les troupes israéliennes après 18 ans d'occupation du Sud-Liban. Six ans plus tard, lors de la guerre de l'été 2006, il fut le théâtre de combats intenses entre Israël et le Hezbollah, une organisation politique et militaire chiite fondée en 1982.

Le geste des soldats israéliens a eu lieu dans le "jardin de la résistance", un site inauguré en 2010 par l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Ce jardin, symbole de l'opposition à Israël, abritait une réplique du Dôme du Rocher de Jérusalem et une statue du général iranien Ghassem Soleimani, tué par une frappe américaine en 2020. Ces monuments ont été détruits lors de l'opération israélienne.

La présence militaire israélienne à Maroun Al-Ras a suscité une controverse en raison de sa proximité avec la base 6-52 du contingent irlandais de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Cette force de maintien de la paix, créée en 1978, compte environ 10 000 soldats de 46 pays différents. La Finul a qualifié la situation d'"évolution extrêmement dangereuse", soulignant les tensions croissantes dans la région.

L'offensive israélienne vise officiellement à "nettoyer" une bande frontalière de cinq kilomètres à partir de la ligne bleue, une démarcation établie par l'ONU en 2000. Cependant, la durée et l'étendue réelles de cette opération restent incertaines. Des commandos et des unités d'infanterie, appuyés par des chars et des frappes aériennes, ont mené des incursions dans plusieurs villages frontaliers.

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Cette escalade s'inscrit dans un contexte régional complexe. Le Liban et Israël sont techniquement toujours en état de guerre, leur frontière commune s'étendant sur environ 120 kilomètres. Le Liban, qui abrite environ 1,5 million de réfugiés syriens, fait face à une grave crise économique depuis 2019. De son côté, Israël a construit un mur le long de sa frontière avec le Liban pour prévenir les infiltrations.

L'action à Maroun Al-Ras rappelle la fragilité de la situation dans cette région où le cèdre, symbole national figurant sur le drapeau libanais, côtoie les vestiges des conflits passés et les tensions actuelles. Alors que l'armée israélienne, considérée comme l'une des plus puissantes du Moyen-Orient, poursuit ses opérations, l'avenir de la zone frontalière reste incertain.

"L'objectif affiché d'Israël n'est pas de rester sur place mais de "nettoyer" une bande frontalière de cinq kilomètres à partir de la ligne bleue. Resteront-ils pour empêcher le Hezbollah de revenir ? Ils disent que leurs opérations ne dureront que quinze jours mais ce n'est pas crédible"

Déclaration d'une source diplomatique

Cette situation met en lumière la complexité des relations entre Israël et le Liban, deux pays dont l'histoire récente est marquée par des conflits récurrents et une méfiance mutuelle persistante.