Meurtre d'un opposant azerbaïdjanais à Mulhouse : enquête en cours

Un ancien procureur azerbaïdjanais, réfugié politique en France, a été mortellement poignardé à Mulhouse. L'enquête privilégie la piste politique, suscitant des soupçons envers le régime de Bakou.

2 octobre 2024, 09:09  •  75 vues

Meurtre d'un opposant azerbaïdjanais à Mulhouse : enquête en cours

Le 1er octobre 2024, Vidadi Isgandarli, un opposant azerbaïdjanais de 62 ans, est décédé à Mulhouse suite à une violente agression à son domicile. Cet ancien procureur, réfugié politique en France depuis 2017, a succombé à une vingtaine de coups de couteau reçus deux jours plus tôt.

L'enquête pour meurtre, ouverte par la police judiciaire de Mulhouse, révèle que l'attaque aurait été perpétrée par trois individus aux premières heures du matin. Les cris de la victime auraient alerté le voisinage, provoquant la fuite des agresseurs. Isgandarli a pu contacter son frère avant de perdre conscience, mais n'a fourni que peu de détails.

Une source du parquet de Mulhouse indique que l'agression s'est déroulée entre 5h et 6h30. L'enquête de voisinage n'a pas identifié de témoins, et les enregistrements des caméras de surveillance sont en cours d'analyse. Le mobile politique est envisagé, mais d'autres pistes ne sont pas exclues.

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Isgandarli était connu pour son engagement en faveur des droits humains depuis le début des années 2000, après avoir quitté son poste de procureur. Arrêté en 2011 lors d'une manifestation contre le régime d'Ilham Aliyev, il avait été condamné à trois ans de prison avant de bénéficier d'une amnistie présidentielle. En France, il animait une chaîne YouTube critique envers le gouvernement azerbaïdjanais.

L'Azerbaïdjan, indépendant depuis 1991, est dirigé par Ilham Aliyev depuis 2003. Le pays, riche en ressources pétrolières et gazières, a connu une croissance économique rapide dans les années 2000. Cependant, il est régulièrement critiqué pour ses atteintes aux droits de l'homme et à la liberté de la presse.

Ganimat Zahid, journaliste azerbaïdjanais réfugié à Strasbourg, témoigne :

"Vidadi Isgandarli faisait, comme moi, l'objet de menaces. Je le connais depuis la fin des années 1990 et nous sommes restés très proches. Il était procureur jusqu'au début des années 2000, après quoi il a démissionné pour s'engager dans la défense des droits humains."

Un ami proche de la victime

Selon Zahid, ce meurtre serait le quatrième assassinat d'opposants azerbaïdjanais en exil en quatre ans, après ceux de Baïram Mammedov, Vüqar Rza et Hüseyn Bakikhanov en 2021 en Turquie, Belgique et Géorgie respectivement.

L'Azerbaïdjan, pays de 10 millions d'habitants majoritairement musulman, est membre du Conseil de l'Europe depuis 2001. Malgré son développement économique et l'organisation d'événements internationaux comme le Grand Prix de Formule 1 depuis 2016, le pays reste au cœur de controverses concernant sa situation politique et le conflit du Haut-Karabakh avec l'Arménie.

L'ambassade d'Azerbaïdjan en France n'a pas répondu aux sollicitations concernant cette affaire. L'enquête se poursuit pour élucider les circonstances de ce meurtre qui soulève de nombreuses questions sur la sécurité des opposants politiques en exil.